Le Professeur Alpha Condé forme le premier gouvernement de sa 4è république par sessions successives comme au bon vieux temps du cycle universitaire où l’évaluation des étudiants comprenait deux sessions : juin et  septembre. La lenteur des filtrages et l’inflation des chiffres ont l’air de noyer notre vénérable professeur-président. On le comprend. La pléthore donne souvent le tournis. A l’époque, il était quasi-impossible de se retrouver dans une classe de 37 zigues. Aujourd’hui, il n’est pas au bout de ses peines, Alpha en est à sa 3è session. La première a eu lieu le 19 janvier avec 16 ministres admis d’office. Nous sommes en plein dans les sessions de rattrapage. Il y en a eu deux déjà : le 21 janvier avec 3 admis ; le 23 janvier avec 4 repêchés. Soit un total de 23 ministres sur les 37 prévus. De toute évidence, il faudra encore beaucoup de nuits blanches pour régler le reste des comptes ; les 3 sessions réunies n’ayant fourni que quelque 62% des prévisions.

A l’allure où vont les choses, Alpha Condé se devra de revoir les matières à coefficient lourd s’il veut boucler la formation de ce gouvernement au compte-gouttes. Jusque-là, l’accent est mis sur « le mouiller les maillots. » Plus il est trempé, plus vite le candidat élu est confirmé. Le président de la république doit éliminer ce coefficient, lourd, celui-ci est devenu un sérieux handicap à sa propre intégrité, sa propre crédibilité, il n’est plus compatible avec « gouverner autrement,» si cher au peuple de Guinée. Si Alpha ne gouverne pas autrement, le peuple le prendra autrement. A lui de choisir !

C’est là que mouiller le maillot devient problématique. Alpha a bombé le torse pour répéter à qui veut l’entendre qu’il n’a pas demandé un kopek, même à Bregadzé, pour organiser et les législatives et le référendum, plus encore la présidentielle de 2020. Passée l’euphorie, il doit lui-même tirer l’unique conclusion qui vaille : le dernier budget électoral, en totalité, est la propriété exclusive du peuple de Guinée. Peu importe la caisse qui a craché les montants dépensés par le RPG et le Gouvernement pour permettre aux militants, sympathisants, démagogues ou opportunistes de mouiller le maillot. Inutile de disserter sur les conditions financières du Grimpeur à son arrivée au pouvoir en 2010.  Non seulement, il avait soigneusement omis de déclarer ses biens après le scrutin, mais certains centres d’affaires sud-africains sont encore là malgré la virulence du covid-19. Pour ne citer que les amis du pays de Nelson Mandela que l’équipe de Jacob Zuma a réussi à foutre à l’envers. En termes simples, plus vous mouillez le maillot, plus vous volez l’argent public, plus vous êtes passibles de justice. Mouctar Diallo, par exemple, devrait revoir le film de ses largesses, ne serait-ce de Pita à Pellel Bantan, ou simplement entre Baady et Bappé, et s’obliger à nuancer ses revendications de poste. Mouiller le maillot, c’est voler au profit d’un candidat. Jusqu’à le tremper, c’est narguer les Guinéens. Impunément. Faire de ce mouillage de maillot un critère d’attribution de poste, c’est obliger Alpha à remanier au compte-gouttes, l’empêcher de gouverner autrement. Pour le couper définitivement du peuple de Guinée dont on veut noyer la colère.