Mohamed Diané demande à ses avocats de suspendre leur participation jusqu’à ce que la Cour de répression des infractions économiques et financières le libère. Celle-ci passe outre et ordonne la commission d’office d’un avocat pour lui.

L’ex ministre de la Défense nationale et des affaires présidentielles, Mohamed Diané, ne veut désormais comparaître pour répondre des accusations de « détournement de deniers publics, d’enrichissement illicite et de blanchiment de capitaux » dont il fait objet, à condition que le parquet spécial près la CRIEF n’accepte de le laisser sortir de prison. Le prévenu fonde sa décision sur l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO qui stipule que la présomption d’innocence de Mohamed Diané n’était non seulement pas respectée, mais sa détention était aussi illégale. Ses avocats ont adressé un courrier à la Cour, pour l’informer de la suspension de leur participation à la demande de leur client. A l’audience du 15 avril, le prévenu n’a répondu à aucune question. Il s’est contenté de confirmer que ses avocats se sont retirés à sa demande.

Cela a déplu au représentant du ministère public qui pense que Mohamed Diané joue la montre pour ne pas être jugé : « Nous ne sommes pas surpris de ce manque de volonté du prévenu et de son conseil. Nous avons déjà assisté à plusieurs manœuvres ». Il demande de passer outre l’arrêt de la Cour de justice de la CEDEAO qui « ne peut pas lier votre chambre. Je vous invite à désigner d’office un avocat pour monsieur Mohamed Diané, pour que le procès se poursuive ». L’avocat de la partie civile abonde dans le même sens. Me Baben Camara accuse le prévenu de prendre en otage la justice : « Il veut une chose et son contraire. Devant la Cour de justice de la CEDEAO, il dénonçait la non accélération de son procès, ici, il ne veut plus être jugé. Commettez-lui un avocat, et nous allons avancer. »

Pour Mohamed Diané, l’avocat de l’État cherche à travestir la réalité : « Je n’ai jamais demandé l’accélération de mon procès, mais le respect des Codes pénal et de procédure pénale. C’est différent. De toute façon, je ne peux pas être jugé, alors que je ne sais pas combien j’ai détourné. J’ai toujours dit que, pour ce qui est de la gestion financière, ce sont les intendants de l’armée qui ont géré. Ils doivent être là. »

Le juge de le rappeler qu’on est encore loin du débat de fond où il peut parler de ces choses. Yakouba Conté prend acte de la décision des avocats de la défense de suspendre leur participation au procès, dit que celle-ci ne peut empêcher la continuation des débats. Il renvoie l’affaire au 13 mai prochain, afin de permettre au Barreau de commettre d’office un avocat à Mohamed Diané.

Yacine Diallo