Les incidents se suivent et se ressemblent dans la préfecture de Mali. Dans cette contrée montagneuse perdue entre les préfectures de Labé au sud, Lélouma et Koundara au sud-ouest, Koubia, le Sénégal et la République du Mali (au sud-est), les administrateurs territoriaux se comportent comme en territoire ennemi, conquis par les armes.

Après le cas du tristement célèbre colonel Issa Cas-marrant du Chaud-NDadis, c’est un autre colonel Cas-marrant qui défraie la chronique dans la préfecture. L’actuel préfet de Mali se comporte comme un demi-dieu dans la localité. Intimidation et arrestation de citoyens se succèdent.

Au pire moment de la pénurie du car-brûlant, consécutive à l’explosion du dépôt de Coronthie, le préfet aurait débarqué dans une station-service en l’absence du gérant. Il en a déduit un refus de servir la population, avant de le sommer de venir et le coffrer. Alertée, la famille du pauvre gérant a demandé à voir le préfet. En vain. Il aura fallu l’intervention du très influent inspecteur régional des affaires religieuses de Labé, Elhadj Badrou Bah et du gouverneur de la région de Labé, pour obtenir la libération du gérant.

Les incidents se multiplient dans la préfecture, à cause de ce préfet dont le comportement pourrait jeter de l’huile sur le feu. L’attitude du colonel Manson Sangala Camara rappelle celle d’autres administrateurs territoriaux qui, avant, ont eu maille à partir avec la population de Mali. Feu colonel Issa Cas-marrant, ex-membre influent du Chaud-NDadis et commandant du Bataillon d’infanterie de Mali. Suite à une altercation avec un chauffeur, qui avait été copieusement molesté par les gros bras de l’officier, des émeutes avaient éclaté dans la préfecture en juin 2016. Vingt coups de ceinturon sur « les fesses du chauffeur, juste pour l’effrayer », avait minimisé après Issa Cas-marrant.

Deux ans plus tôt, en 2014, une autre révolte populaire avait entrainé le passage à tabac du Dirlo préfectoral des sévices des impôts. Ce dernier avait eu la maladresse de dresser un barrage routier à l’entrée de la ville à un moment où la préfecture était coupée du monde par la dégradation poussée de la route Labé-Mali. Les citoyens, se rendant à Mali, étaient obligés de passer par Koubia. D’où leur indignation de voir les impôts leur réclamer la vignette, cette année-là.

L’actuel préfet de Mali a plus de chance (ou de soutien) que son ancien homologue de Siguiri : le Lieutenant-colonel Ibrahima Douramoudou Keita avait été limogé après qu’il a coiffé un candidat au baccalauréat session 2022 en plein examen.

Habib Yembering Diallo