Depuis quelques années, des marchés de la capitale et de certaines préfectures brûlent, avec pour conséquence d’importants dégâts matériels et parfois de victimes humaines. Le plus inquiétant dans ce mauvais feuilleton de ces incendies dévastateurs, c’est l’absence de mesures appropriées que les autorités devraient prendre, afin de limiter les risques de ces regrettables sinistres. Ce déplorable constat tient du fait que depuis 2010, année à laquelle un incendie s’était déclaré le 8 février au cinquième étage d’un immeuble à Madina, avec d’importants dégâts matériels, les départements concernés (ministères de l’Habitat, de la Sécurité et de la protection civile, de l’Administration du territoire, du Commerce et de l’industrie, de l’Environnement, des Infrastructures) n’ont guère réagi par des dispositions pratiques.

Ci-dessous les sinistres saillants de ces dernières années :

  • Le 18 mars 2018, un grave incendie au marché M’Balia de Madina. Les flammes ont ravagé plus de 1500 mètres carrés et plusieurs dizaines de boutiques sont parties en fumées en quelques minutes. Bilan de ce sinistre, 352 kiosques détruits, 24 ateliers de couture et 62 étals, selon l’administration du marché. Le bilan estimé à plusieurs milliards de nos francs aurait pu être atténué, si la configuration du plus grand marché du pays facilitait l’intervention des sapeurs-pompiers. Een effet, aucune issue de secours pour l’accès des soldats du feu, des conteneurs installés dans un désordre indescriptibles, des installations électriques faites sans respect des normes prescrites, etc.
  • Le 30 avril 2020, incendie au centre commercial Yansanéyah au marché Avaria de Madina
  • Le 23 décembre 2020, incendie à l’immeuble Falloullaye au Marché de Madina.
  • Le 6 avril 2022, un incendie dévaste plusieurs boutiques au grand marché Dibida de Kankan, causant d’importants dégâts matériels et de nombreux blessés.
  • Dans la nuit du 8 au 9 février 2023, le marché d’Entag dans la commune de Matoto a été le théâtre d’un grave incendie réduisant en cendres plusieurs commerces.
  • Le 5 avril 2023 au bloc C du grand marché de Dabondi. Au bout de quelques heures, l’incendie à consumé la quasi-totalité du bloc abritant entre autres selon les témoins, « des salons de coiffure, des ateliers de couture, des salles d’informatique, des studios photos, des stocks d’huile… »
  • Le plus récent sinistre a ravagé le Centre commercial Foula du marché Madina dans la nuit du 2 mai dernier. Avec d’importants dégâts matériels enregistrés.

Loin d’être exhaustive, cette énumération concerne les sinistres qu’on pourrait qualifier de remarquables du point de vue de l’importance des dégâts. Quelque empathie certes les premières heures des drames, mais pour ainsi dire aucune enquête sur l’origine des feux. A première vue, le constat est véritablement accablant : les marchés de la capitale et de l’intérieur du pays sont bien en deçà du minima des normes édilitaires et de sécurité. Dans l’implantation de ces espaces économiques, nous avons la nette impression que l’on se préoccupe avant tout à octroyer le maximum de places aux marchands et opérateurs économiques, sans se soucier des risques liés à la configuration des constructions.

Sur un tout autre plan, si le recensement des victimes a été fait à la faveur des différents sinistres, quelles sont les mesures envisagées, dans la mesure où rares sont ceux qui auraient souscrit une police d’assurance. Dans ce domaine, l’information et la sensibilisation des opérateurs économiques est une démarche à entreprendre dans leur propre intérêt.

Thierno Saïdou Diakité