Pour la première fois de son histoire, le mouvement syndical guinéen a été désavoué par sa base. Le vendredi 19 février, à la Bourde du travail, l’assemblée générale de restitution des négociations s’est déroulée dans une ambiance électrique.

A l’énoncé du chapitre sur le car-brûlant, la salle s’est vidée dans une totale confusion. Seuls les journalistes présents ont pris connaissance de la suspension de la crève.

Cette énième suspension d’une grève, on connaît depuis 2014, est symptomatique du côté du gouvernement comme celui des syndicats, on signe les protocoles, on échafaude des commissions et on laisse les choses suivre leur cours. Faute d’intendance, à part un ou deux problèmes nouveaux, ce sont invariablement les mêmes qui sont mentionnés dans les différentes plateformes revendicatives. A titre d’exemple, dans le protocole d’accord signé le 3 mars 2006, le point 4 (respect des libertés et droits syndicaux en Guinée) stipule entres autres : « …Les trois parties conviennent de l’arrêt des tracasseries des agents de sécurité routière, notamment la réclamation intempestive et illégale des sommes d’argent (racket) aux chauffeurs, transporteurs. Elles demandent que le contrôle de la circulation routière soit effectivement assuré par les professionnels de la police. »

Au dernier paragraphe du protocole signé le 16 juin 2006, l’on note : les trois parties (gouvernement, syndicat, patronat) s’accordent d’activer le comité de suivi et d’évaluation de l’application du protocole d’accord du 3 mars 2006. Une disposition de pure forme: jusqu’à présent la question soulevée n’est pas résolue. Mais la responsabilité en est partagée.