Les années se suivent et se ressemblent. Le Hadj 2017 est bien parti pour respecter les traditions. Cette année, la Guinée a droit à 7 000 pèlerins. Les agences de voyages privées se partagent 5 200 places, le reste est au compte de l’Etat. Turkish Airlines est la compagnie aérienne chargée de convoyer les pèlerins à la Mecque. Pour l’inscription, il faut cracher un peu plus de 40 millions de francs glissants. Une misère, aux sens propre et figuré. Lundi dernier, les pèlerins ont été appelés à se faire vacciner, première étape du processus. La salle dite polyvalente du centre islamique a abrité l’opération. Venus en grand nombre, les inscrits ont été reçus dans un saint désordre. Pas de liste, pas de rangées, aucune gestion de la file d’attente. Des personnes âgées, des femmes à la merci de la pluie. Il fallait faire parler les muscles ou avoir une connaissance parmi les (dés)organisateurs.

Ibrahima Bah, est un rescapé. Des policiers l’ont gentiment écarté avant la bousculade du lundi  au prétexte qu’il y a rupture de vaccin. Il a obtempéré. Lassés d’attendre, les frustrés ont explosé de colère. Une sainte bousculade s’engage, des sujets fragiles se sont fait piétiner. Les vaccinateurs ont mis fin à l’opération, le temps que la situation se normalise. Depuis ce jour, les pèlerins sont régulièrement appelés à se présenter pour la suite, mais ils sont désorientés. « Le matin, on était à la mosquée Fayçal, on nous a dit que c’est au centre islamique. Je suis venu là, on m’a dit que c’est à la mosquée. Je ne comprends rien. Depuis lundi, je viens ici chaque jour. Je n’ai jamais pu me faire vacciner » dit le futur hadji, se demandant à quel saint se vouer.

Cherif Barry a eu plus de chance pour la vaccination. Juste après la bousculade, un policier l’a appelé ainsi que quelques autres, qui ont ainsi pu recevoir la vingtaine de doses restantes. Son calvaire continue cependant. Il ne sait pas dans quel convoi embarquer, il n’a pas son passeport et ne retrouve pas celui qui l’a inscrit. Il ne connait pas non plus le nom de son agence. Chérif Barry fait la navette entre le centre islamique et la mosquée Fayçal à la recherche du quidam. Son numéro ne passe pas mais il garde espoir de le retrouver très vite. 

En attendant que Chérif Barry retrouve son voyagiste, ses collègues tentent de localiser le lieu de vaccination perdu entre la Mosquée Fayçal et le Centre islamique. Pendant ce temps, les heureux du premier convoi se voient déjà à Djedda. Et vive la République !