Pour Asmaou Barry, prési de l’APAC (Association des professionnelles africaines de la communication), les associations de médias guinéens sont plus que jamais sur le qui-vive. Ils sont submergés par une inquiétude grandissante due aux violences parfois mortelles dont des journalistes ont récemment été victimes. « Les fossoyeurs des plumes n’ont-ils pas attendu l’instauration de la Journée internationale de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes pour loger une balle fatale dans la poitrine de notre confrère Mohamed Koula Diallo ? Jusqu’à date, la justice guinéenne tarde à condamner l’auteur, les complices et commanditaires de ce crime odieux. Aussi, les acteurs de médias ne se promènent-ils pas aujourd’hui encore avec en tête, la mystérieuse question de ce qui a bien pu arriver à Chérif Diallo (d’Espace TV Ndlr) ? Encore une fois, la corporation a été frappée dans sa chaire et son âme, par des violences inouïes que des gendarmes ont impunément infligées à un groupe de journaliste, le mardi, 31 octobre 2017. Leur crime aura été de se rendre dans les locaux de l’Escadron de gendarmerie mobile de Matam, pour y apporter leur soutien et s’enquérir de l’état de leur confrère, Aboubacar Camara, le coordinateur du groupe Gangan Radio et Télé qui venait d’y être transféré, après une journée passée à la gendarmerie de Yimbaya, le tout, dans un mépris total de la procédure légale en la matière » explique-t-elle

La prési de l’APAC a précisé qu’une « vingtaine de journalistes blessé à différents degré de gravité. Ces gendarmes ont également arraché les caméras et les appareils photos qu’ils ont ensuite pris soin de faire écraser par un camion qui a spectaculairement roulé sur ce matériel de travail. Plusieurs journalistes ont été délestés de leurs objets précieux comme des téléphones, mais aussi dépouillés de leur numéraire par ces gendarmes en furie, hargneux et haineux. » Asmaou Barry pense que la scène a été préméditée et qu’elle a coïncidé malheureusement à 24 heures de la journée commémorative.

Tout en saluant la mobilisation remarquable des médias pour obtenir la libération provisoire du coordinateur du groupe Gangan, la prési de l’APAC-Guinée et porte-voix des associations de medias et syndicat de presse du bled appelle le personnel des médias à plus de vigilance, d’unité, de solidarité et de professionnalisme, indispensable à l’épreuve de résistance à laquelle l’Etat Guinéen et ses appareils sécuritaires continuent de les soumettre. Les associations de médias s’engagent à accompagner tous les démocrates d’ici et d’ailleurs à poursuivre en justice les auteurs de cette « répression aveugle, ignoble et inhumaine. » Asmaou Barry a affirmé : « Cette action sera assortie de sanctions, mais aussi d’une réparation des préjudices moraux, matériels et financiers causés aux victimes et à l’ensemble de la presse guinéenne ».

Pour joindre l’acte à la parole, les associations professionnelles des médias du bled invitent l’ensemble des acteurs des médias à se présenter le lundi, 6 novembre au Tribunal de première instance de Mafanco, pour déposer une plainte.

Réaction

Colonel Mamadou Alpha Barry, chargé de la complication au Haut-commandement de la gendarmerie, présent à la cérémonie, a déploré l’incident commis par les pandores de l’Escadron mobile numéro 3. « Au nom du Haut-commandement de la gendarmerie, Direction de la justice militaire, je suis-là pour vous exprimer notre regret par rapport à l’incident commis à l’Escadron de gendarmerie mobile numéro 3 de Matam ».

Plus loin, il affirme que « si quelqu’un dit que les medias que vous représentez constituent une menace en République de Guinée ou que vous êtes ennemis de la gendarmerie, je m’inscrirai en faux. Et sachez que s’il quelqu’un est gêné face à cette situation, c’est moi, parce que je suis l’interface entre le Haut-commandement de la gendarmerie et les médias. Je tisse de bonnes relations avec 90% des journalistes. Donc, si vous subissez aujourd’hui une maltraitance par des gendarmes, sachez que c’est moi, colonel Mamadou Alpha, qui suis gêné ». Pour finir, il rassure de l’ouverture d’une enquête, pour interpeller les responsables de cet acte odieux. Selon lui, les victimes seront rétablies et les coupables répondront de leurs actes devant Dame Thémis. On croise les doigts !