Le 11 octobre, les avocats (sans vinaigrette) de Toumba étaient sur la braise pour faire le point. Selon eux, si Toumba n’a pas encore été libéré, cela pourrait se faire dans les jours à venir. Ils soupçonnent le fameux comité de pilotage d’être un facteur de blocage pour la tenue d’un procès. Les avocats estiment que le mandat de dépôt de Toumba a expiré et qu’ils vont déposer un « référé pénal » visant à libérer Toumba. « La loi dit que 5 jours avant l’expiration du mandat de dépôt, l’autorité judiciaire appelle les deux parties (défense et parquet). S’il y a nécessité de le prolonger, elle notifie à toutes les parties ou pas. Cela n’a pas été fait », souligne Me Abou Sylla.
Pour Me Yombo-Yamba Kourouma, ce comité de pilotage est un facteur de blocage pour empêcher la tenue de ce procès. « On n’a pas besoin de tout cet argent pour dire le droit. C’est une tentative d’enrichissement illicite, l’enrichissement sans cause. Même au Moyen-Age, la justice ne se rendrait pas de cette façon. On entend au moins les gens, quitte à les libérer comme d’habitude. Un semblant de procédure, un maquillage aurait au moins permis de sauver la face de notre justice. 60 ans d’indépendance, nous sommes incapables d’organiser sur fonds propres un procès. Au même moment, nous demandons à ces bailleurs de se retirer de nos affaires intérieures. C’est impossible ».
Les avocats ont rappelé que dans l’histoire de notre bled, il y a eu des procès retentissants (procès Alpha Condé, des mutins de février 1996) qui ont même impliqué des avocats étrangers. Mais cela n’a pas empêché l’Etat de créer les conditions pour les tenir. « On se demande pourquoi autant d’argent (7,3 millions d’euros) pour organiser ce procès ». Me Abou Sylla a rappelé que pour le fameux procès sur l’attaque du domicile du président en 2011, en 18 mois, l’arrêt de la Cour est tombé, alors que dans ce dossier, 45 personnes étaient impliquées contre seulement 15 pour le dossier du 28 septembre. « Faites la différence. Et cela fait 9 ans que nous attendons un procès. Il y a une volonté manifeste de ne pas tenir ce procès. 9 ans c’est trop. Ce comité de pilotage pour quoi faire ? ».
Lanciné Sylla invite tout le monde à faire une analyse objective de ce comité de pilotage. Et se demande aussi à quoi va servir cet argent : payer les avocats, les magistrats, construire un palais de justice pour ce dossier du 28 septembre ? Pour lui, on peut aménager le Palais du peuple pour tenir le procès, comme le Mali l’a fait lors du procès de Moussa Traoré.