Les citoyens du quartier Kipé 2 qui ont assigné l’Etat en justice pour tentative de spoliation de leurs domaines, vont devoir encore attendre. Initialement prévue ce vendredi 19 octobre, l’audience ne s’est finalement pas tenue à cause de l’absence de l’agent judiciaire de l’Etat. Dans la salle d’audience, c’est le substitut de l’avocat de l’agent judiciaire qui s’est présenté, « dont la tâche a été de demander au tribunal un renvoi pour l’examen des pièces que le camp adverse a produit à l’appui de sa prétention ». Aussitôt demandé, aussitôt obtenu. Désormais l’affaire est renvoyée au 2 novembre 2018.

Maître Paul Yomba Kourouma dénonce tout simplement une justice aux ordres. «L’histoire judiciaire de notre Etat de droit, de notre démocratie, de notre gouvernance politique et judiciaire est le prototype achevé de l’autruche, caractérisé par le nombrilisme, la dénégation, le reniement de nos normes pourtant votées et promulguées, l’inimitié contre le droit et la justice, l’abus d’autorité et de pouvoir. C’est aussi l’affirmation de la primauté de la tyrannie, de la barbarie de l’administration sur ce sujet. En abusant des prérogatives, des privilèges, d’actions d’office et des décisions exécutoires qui leurs sont conférés. Sinon comment comprendre que des citoyens qui ont été recasés pour des causes d’utilité publique, qui ont vu leur zone loties, aménagées, déclarées nantie en eau, avec la délivrance de documents officiels expulsés sans formalisme, sans indemnisation préalable et au mépris même des procédures ? » Ce qui semble être une grave atteinte à la propriété dans la mesure où la zone n’a jamais été nantie d’un décret de déclassification. L’avocat prévient que ses clients n’accepteront pas ce coup de force. « Il faut que l’Etat comprenne que le silence d’un peuple n’est pas signe de paix. Il agira par les moyens de droit mis à sa disposition par le législateur ».
Maître Paul Yomba Kourouma a par ailleurs fustigé l’absence de l’agent judiciaire de l’Etat. A cet effet, il indique que si ce dernier ne comparait pas le 2 novembre prochain, il demanderait au tribunal de mettre l’affaire en délibéré et que la décision à intervenir lui sera opposable. La semaine dernière, cet avocat des victimes avait déclaré que des gendarmes ont assiégé la zone menacée de déguerpissement. Aujourd’hui, ces agents ne sont pas sur place, témoigne Hadja Fatoumata Sira Barry habitante du quartier Kipé 2. «Depuis que la justice les a ordonner d’arrêter, on ne les a plus revus ». Cependant, elle fait remarquer que des bornes sont en train d’être mises sur les lieux.