Ibrahima Bah a été enterré dans l’après-midi de ce vendredi, 19 octobre au cimetière de Bambéto, commune de Ratoma. Ce jeune de 23 ans a été fauché par une balle le mardi dernier lors d’affrontements entre forces de (dés)ordre et jeunes, suite à l’appel à des journées ville-morte lancé par l’opposition respire-lacrymogène. Pour lui rendre un dernier hommage, les opposants avaient prévu d’organiser une marche funèbre. Peu avant midi, le cortège est parti de la morgue de l’hôpital Ignace Deen, direction la grande mosquée de Bambéto. En tête, la Petite Cellule Dalein et compagnie, Dembo Sylla de l’UDG, Diabaty Doré, Boubacar Diallo entre autres. Des centaines de personnes, certaines en larmes, des slogans hostiles au Prési Alpha Grimpeur “Alpha assassin” ; “Alpha criminel” ; “Gouvernement tueur”. Sur les pancartes on pouvait lire : ” Un mort de plus est un mort de trop” ; ” A bas les assassinats ciblés ” ; ” Les tueries des manifestants ne nous feront pas reculer “… Sur le trajet aucun incident majeur, des curieux massés le long de la route. Devant la foule à Bambéto, la Petite Cellule a encore dénoncé l’impunité dont bénéficient les tueurs : « C’est triste pour notre pays d’être à chaque fois un témoin de cette violence. Quand des citoyens sont tués par ceux là qui sont recrutés, formés, payés et équipés pour assurer leur sécurité. On assiste parfois à des bavures policières dans certains pays. Mais le drame de la Guinée ce qu’il n’y a jamais d’enquêtes pour déterminer les responsabilités. L’impunité encourage la récidive. Les familles des victimes n’ont eu droit à aucune justice. Maintenant on est à 96 victimes. Pourquoi cette haine ? Pourquoi cette violence contre des gens qui exercent un droit constitutionnel ? C’est de la responsabilité du gouvernement de rechercher les coupables. D’où qu’ils viennent ils doivent être déférés devant les tribunaux ».
Dans une de ses dernières sorties médiatiques, Otis Keïra, le dirlo de (l’in)sécurité et de la protection civile a indiqué que ces assassinats répétés des militants de l’opposition lors des manifestations seraient le fait d’un groupe de malfrats. Il a insinué que les flics n’y seraient pour rien. Mais pour le Prési de l’UFDG, c’est cette stratégie que Alpha Grimpeur a adoptée : « Les choses se passent toujours bien si l’ordre de réprimer les manifestations n’est pas donné. Pourquoi tant de violences à Conakry, à Kindia, en Guinée-forestière? Est-ce que vous avez entendu parler d’un procès des gens qui ont été tués à Zogota? L’exercice d’Alpha Condé c’est de dire que c’est les manifestants qui tuent les manifestants. Et dans ce cadre on kidnappe Grenade, on le torture pour qu’il admette que c’est l’opposition. Mais pourquoi ne pas avoir fait des enquêtes au lendemain des assassinats ? Pourquoi on accorde cette impunité à ces gens. La réponse est : Alpha ne veut pas perdre le soutien des forces de l’ordre. Ici on a banalisé la vie humaine ».
Dès après l’enterrement, des jeunes furieux, qui scandaient “Pinka, Pinka” (armes) ont érigé des barricades, brûlé des pneus au rond-point de Bambéto. Ils s’en sont pris notamment aux passants. Un flic qui s’est retrouvé là en a fait les frais. Il a été roué de coups, son béret et son ceinturon arrachés, sa moto détruite. Les manifestants ont régné en maîtres absolus des lieux pendant un bon bout de temps.