Dès son arrivée au Palais de la Colombe, le Premier ministre, Ibrahima Cas-Sorry Fofana, a fait de l’insalubrité un « combat personnel ». Sur décision de son gouvernement, une journée a été spécialement consacrée à l’assainissement, le dernier samedi de chaque mois. Toute circulation y est interdite entre 6 et 11h pour donner plus d’impact à la journée, mais également amener les populations à adhérer à la cause.
Seulement voilà ! Bien des gens ne semblaient pas concernés par la mesure goubernementale. Le 27 octobre, c’était la 5e Journée de l’assainissement. Et les autorités ont empêché toute circulation avec la méthode forte. Les farces de l’ordre ont bloqué tous les grands axes routiers à Cona-cris, créant d’interminables bouchons. Dans la matinée du samedi 27 octobre, des ministres ont regroupé quelques jeunots dans leurs quartiers respectifs. Des groupes de jeunes et de femmes ont également fait semblant d’assainir les rues de Cona-cris, notamment sur la route Leprince : Sonfonia, Wanidara ou encore Enco 5. Ce 29 octobre, la zone est encore jonchée d’ordures. Les assainisseurs ont pourtant fait la loi sur cet axe, en s’en prenant aux taximètres qui ont tenté de braver l’interdit. Cette situation agace les riverains : « L’assainissement est bon, mais le gouvernement doit changer de fusil d’épaule. On ne peut pas continuer à bloquer la circulation, pour faire de la propagande. Ce problème ne peut pas se résoudre comme cela, il faut un changement radical. Ils ont passé la matinée du samedi ici mais, on a constaté aucun changement. Si on dit assainissement, c’est toutes les couches sociales qui doivent sortir, mais ce n’est pas ce qu’on est en train de voir. Quelques ministres sortent avec des jeunes acquis à leur cause et avec des caméras, pour un feu de paille. On aurait préféré voir des ONG s’occuper de ce secteur », explique Kerfala Camara de Wanindara-rails.
Mamadou Kindi Bah, lui, accuse les gouvernants de populisme : « Ce n’est pas parce que ces gens veulent nous débarrasser de ces ordures, ils veulent juste créer du mouvement pour faire croire aux gens que l’insalubrité est une priorité. Mais ce qui fait mal, ce qu’ils choisissent des lieux stratégiques pour leur propagande. C’est vrai que les ordures n’ont pas leur place ici, mais l’Etat aussi manque d’initiatives ».
D’autres citoyens estiment que les responsabilités sont partagées : «Ils ont créé l’embouteillage, mais par-là, on n’a pas constaté ce ramassage, les ordures sont toujours intactes. Avant, ils venaient ramasser, maintenant ce n’est plus le cas. Il y a à peu près deux semaines que ces ordures sont exposées ici. » Et d’ajouter : « On ne comprend rien. L’administration ne peut pas tout faire, la population a une part de responsabilité. C’est vrai que l’Etat ne joue pas son rôle, mais la population aussi ne fait pas le sien. Ici c’est le carrefour d’un marché, ceux qui traversent pour aller au marché déposent leurs ordures ici. A leur retour, ils font la même chose. Maintenant, ils ont barré la route, personne ne peut traverser. Dès que quelqu’un les interpelle, ils disent que l’Etat a autorisé les citoyens à mettre les ordures sur le terre-plein. Il n’y a jamais de cas pareils sur l’autoroute Fidel Castro. Cette fantaisie, c’est sur la route Leprince » fulmine Billo Traoré.
Un autre riverain demande au gouvernement de changer de stratégies : « Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités. Il doit avoir des entreprises, obliger les gens à s’abonner, avec cela, on pourra réussir à assainir la capitale ».
Rappelons au passage, que c’est du temps de feu Soriba Sorel Cas-marrant, que les populations du long de l’axe Leprince ont été invitées à déposer les ordures sur le terre-plein « pour faciliter la collecte ».