Les habitants du quartier Kipé 2, menacés de déguerpissement, se sont massivement mobilisés au tribunal de première instance de Dixinn ce vendredi 12 octobre. Ils accusent l’Etat d’avoir tenté de les déloger alors qu’ils ont été installés sur les lieux en bonne et due forme. Une violation de la loi, selon Maitre Paul Yomba Kourouma, membre du collectif chargé de défendre ces personnes. Et ses clients ne semblent pas prêts à accepter ce genre d’agissements. « Nous sommes en train de nous insurger contre les agissements de l’Etat, qui ont consisté à tenter de vouloir déloger des personnes qu’il a dûment installé sur les lieux. Il les a pourvus de documents administratifs. Certains mêmes ont des titres fonciers, des arrêtés ministériels. Depuis plus de 20 ans, ils sont installés dans la zone de Kipé 2, que l’Etat semble confondre à la zone de Kaporo rails. Il leur demande de déguerpir et à l’instant où nous parlons, des gendarmes sont en train de sillonner les lieux, malgré l’arrêt des travaux ordonné par voix de justice. Alors nous considérons cette attitude comme une tentative de spoliation, un abus d’autorité et une grave atteinte au droit de propriété dûment constaté par la Constitution et par les différents codes ».
À en croire Me Paul Yomba depuis, le 30 septembre 2018, délai annoncé par la Direction de l’urbanisme et de l’habitat pour le démarrage des opérations de déguerpissement, aucune proposition liée au dédommagement n’a été faite à ses clients. Ce qui pourrait exaspérer de plus les citoyens qui vivent sous cette menace. L’avocat rappelle à l’Etat qu’un déguerpissement demande le respect d’une procédure. « Un déguerpissement ne s’improvise pas. Il s’obtient à travers une revendication dûment portée à la connaissance de l’autorité judiciaire, qui prend à la suite d’un débat contradictoire une décision qui peut avoir finalement les vertus de la chose jugée ». Cependant, déclare-t-il, c’est l’argument de la force qui est en train de prévaloir. Néanmoins, il tente de rassurer ses clients. « Nous avons demandé à nos clients de se ressaisir, de compter encore sur la loi, les institutions chargées d’examiner leur cause. Même si l’état qui a institué ces institutions, qui a voté les lois, est en train de les violer, de les mépriser. Nous voulons leur administrer la leçon que nous sommes respectueux de nos textes de loi et que nous voulons nous en prévaloir pour émerger, pour triompher dans cette affaire ».
L’agent judiciaire de l’Etat a brillé par son absence au tribunal ce vendredi. De plus, il n’a pas daigné se faire représenter. Ce qui a amené la juge a renvoyer l’audience au 19 octobre. Une attitude qui révolte Me Paul Yomba « Si l’Etat ne se présente pas, alors qu’il est dûment assigné, une décision doit intervenir sur la base des seuls éléments fournis par les demandeurs et elle sera exécutoire dans toutes les limites de la souveraineté dont elle émane » prévient-il. En attendant, les habitants du quartier Kipé 2 vont devoir prendre leur mal en patience.