Le 29 octobre, une forte délégation des sages du Foutah a rendu visite au chef de file de l’Opposition, Cellou Dalein Diallo. Objectif ? Lui exprimer leur solidarité, non pas prendre fait et cause pour lui et son parti. Elhadj Badrou Bah, imam de la mosquée de Labé et porte-parole de la délégation : « Avant notre départ du Foutah, on était inquiet. Ce qu’on avait vu était inquiétant. Tout homme qui voit cela, va s’inquiéter. Mais venir voir celui pour qui tu étais inquiet et les trouver en bonne santé est réconfortant. Depuis les évènements, il y a parmi nous des gens qui ont appelé Elhadj Cellou Dalein, les gardes avec lesquels il était dans le véhicule et tous ceux qui ont été blessés. Seulement, on n’avait pas dit qu’on serait là ce jour pour les saluer. On les a surpris. Et si tu surprends quelqu’un, et tu trouves qu’il va bien, il est avec les gens. Cela est réconfortant. Nous avons de quoi rendre compte à nos mandataires à notre retour. S’il arrive malheur à qui que ce soit, même quelqu’un qui n’est pas de ta famille, de ta région, de ta religion, tu dois lui exprimer ta solidarité. Tous les Guinéens doivent veiller à cela. Ehadj Cellou Dalein fait partie de Guinéens tels que quand on suit leurs idées, leurs actes, leurs paroles, Allah nous facilitera les choses. Tout élément de division doit être combattu ».
Avant d’arriver chez M. Dalein Diallo, la délégation a fait une virée chez l’imam Mahmoud Camara de Kindia, accusé d’avoir tenu des propos ethnocentriques. « Nous l’avons trouvé, et lui avons rappelé que feu Elhadj Abdrahmane Bah de Labé avait envoyé des lettres partout en Guinée, parce qu’on avait commencé à dire tel n’est pas d’ici, tel autre doit quitter. Dans sa lettre, il a dit en tout cas, au Foutah, les ressortissants de Haute Guinée, Basse Guinée et Guinée Forestière sont les bienvenus. Ils sont Guinéens. La lettre avait été lue à la télé. Cela a calmé les esprits. En retour, il nous a répondu de façon sage. Que notre visite suffit. Mais que sa réponse définitive, il va la montrer dans les faits ».
Merci à tous a dit M. Dalein Diallo à ses visiteurs. Avant de rappeler que ce qui l’oppose au régime Condé n’est pas ethnique, mais politique. En 2010 après les affrontements à Siguiri, « j’ai demandé à ne jamais toucher à un ressortissant de la Haute Guinée résidant au Fouta. Ce n’est pas eux qui ont pillé et tué nos militants. Chacun sera jugé sur la base de ses actes. Nous avons en commun la Guinée ».
Même que lui et ses acolytes, par exemple, n’ont jamais dit que le père de Alpha Condé est « un Burkinabé et sa maman malienne, qu’il est mauvais, qu’il n’est pas Guinéen. On le critique sur la base de ses actes. Pour nous, il est Guinéen comme les autres. La personne digne se juge selon ses actes, l’indigne aussi ».

Un cours sur le malentendu

Le chef de file de l’opposition a expliqué le fond de sa divergence avec le régime, ce qui l’amène à organiser des manifestations. « Je ne vous demande pas de juger, mais si vous devez le faire, demandez à l’autorité d’arrêter la violence gratuite. Partout en Basse-Guinée, l’UFDG a gagné, excepté Kaloum, Boffa et Coyah. Cela a surpris l’adversaire, il a eu peur. A Forécariah l’UFDG a eu 8 sièges, RPG 6. Dubréka, on a eu 23 sièges sur 43. A Kindia, on a eu 22 sur 41, RPG 12. Mais ils ont dit qu’on ne peut pas être chef à Dubréka et à Kindia. Ce qui a amené l’imam à dire ce que vous avez entendu. Les électeurs ont voté pour nous, le pouvoir veut nous arracher notre victoire. Voilà ce qui nous oppose. C’est un problème politique que le pouvoir a transformé en conflit entre Peuls et Soussous. Voilà la vérité ».
Avant de dire au revoir, la délégation a fait part de son intention de rencontrer le Président Alpha Condé pour tenter de rapprocher les positions, et apaiser les tensions. A défaut de le rencontrer, la délégation compte s’entretenir avec ses proches pour lui laisser le message.