Le 23 janvier, le prési Alpha Grimpeur a lancé avec tambours et trompettes le NIFP (numéro d’immatriculation fiscale permanent) à la direction nationale des impôts. Cette innovation qui implique la Direction nationale des impôts, la Direction générale des douanes, le Trésor public et la Banque centrale viserait à sécuriser et à augmenter les recettes internes, mais surtout à moderniser le système fiscal guinéen. En marge du lancement du NIFP, le prési Grimpeur s’est ligué contre le paiement du loyer en monnaies étrangères et le fait que les propriétaires des immeubles qui fleurissent un peu partout à travers le pays soient exemptés de toute taxe. « Au début quand j’ai voulu interdire qu’on paie le loyer en devise, Kassory m’a dit : “Non président ! Il n’y a pas assez de maisons ni de bureaux encore, laisse d’abord les gens construire. Sinon on n’aura pas de bureaux’’. Aujourd’hui on a des bureaux partout, des immeubles partout. Donc on va appliquer la loi. Et vous serez surpris de voir qui en sont les propriétaires. Beaucoup vont fuir de honte parce qu’on sait comment ils ont géré ce pays, on sait comment ils ont payé ». Au sein de la classe politique guinéenne, la réaction ne s’est pas fait attendre. Kalémodou Yansané, un des vice-présidents de l’UFDG n’y voit rien d’autre qu’une diversion : « Il a décidé d’interdire le paiement des loyers en devises, de taxer les bâtiments puisqu’il estime qu’ils sont l’œuvre des cadres de l’opposition. Mais il faut aller à Dabondy, le grand marché qu’on appelle marché “Biriki Momo” a été construit il n’y a pas huit ans. Il n’y a pas un seul cadre de l’opposition qui est actionnaire. Aucun cadre de l’opposition ne gère une régie financière, aucun cadre de l’opposition n’est ministre ou secrétaire général d’un département. Depuis huit ans des immeubles poussent comme des champignons. Allez vers le pont 8 novembre, voyez le littoral en face de la clinique Ambroise. On est en train de repousser la mer ».

Selon lui, le problème de la Guinée c’est la corruption et le détournement des deniers publics : « Depuis 4 mois, trois cadres sont épinglés pour malversations financières. Ils sont accusés chacun d’avoir détourné pas moins de 20 milliards. Et si les inspecteurs se hasardaient vers les impôts ou la douane on retrouvera plusieurs autres milliards. Cette initiative est bonne, mais pourvu que ça ne se passe pas comme à l’OGC où quelqu’un détourne plus de 20 milliards, il est condamné à rembourser seulement les 20 milliards et c’est tout. Les voleurs doivent être punis conformément à la loi ». Pourvu également que cette nouvelle promesse ne s’ajoute pas aux nombreuses autres que le Grimpeur a déjà oubliées.

Yacine Diallo