La barque de pêche immatriculée DC/ANAM/141/2018 à Coléah en provenance des Îles de Loos, à destination du port de Boulbinet (Kaloum) a chaviré dans la zone de Sorro (plage) le 1er janvier. Trois jours après le naufrage qui a enregistré trois morts et plusieurs disparus, l’un des rescapés, Kaba Condé (pas celui de la Ertégé), a accordé un témoignage à nos confrères d’Espace Fm, narré la mésaventure : « Arrivé au niveau de Sorro, la barque ne tenait plus. J’ai vu un effectif pléthorique de 28 à 30 passagers. Arrivé au niveau des signaux des bateaux qui se trouvaient en mer, le moteur s’est éteint. Le piroguier a rallumé le moteur, mais la barque avait été déjà désorientée par les vagues. Le capitaine ne tenait plus. En voulant l’orienter, il y a eu une marée, les gens ont balancé sur le côté gauche et la barque s’est renversée». En compagnie de cinq de ses amis dont trois filles, Kaba Condé dit avoir eu la vie sauve grâce à un passager qu’il qualifie de « bon nageur ». Une dizaine de passagers ont été sauvés par un de ses amis de nationalité française. Malgré la proactivité des secouristes, une autre dizaine de passagers sont restés dans la mer dont sa camarade, une étudiante à l’Université de Foulayah (Kindia) en congé.

Aujourd’hui, il accuse l’Agence de Navigation Maritime, ANAM, de n’avoir pas pris les dispositions nécessaires pour éviter le drame. «Il ne suffit pas de dire qu’au départ, on a fait notre travail. C’est du départ à l’arrivée ou de l’arrivée au départ. Au retour, il n’y avait pas de service d’enregistrement censé guider les navires. C’était de la pagaille…» Kaba Condé laisse entendre qu’aucune patrouille de recherche n’a été déployée, pour retrouver les portés disparus. « Les patrouilles sont venues avec quel corps ? L’ANAM n’a rien foutu dans cette affaire. Elle est là à raconter du faux », s’insurge le rescapé.

L’ANAM, quant à elle, avait annoncé dans un communiqué publié le 1er janvier, que la barque qui a chaviré n’avait pas mandat de transporter des personnes. Dès lors qu’elle était une barque de pêche et non un bateau de transport. Plus loin, le doc indique « qu’à 20h (heure à laquelle le drame s’est produit), les ports et les débarcadères étaient fermés ». C’est pourquoi, l’ANAM a décidé d’ouvrir une enquête judiciaire, pour déterminer les causes et les circonstances du drame. L’agence a aussi promis de situer les responsabilités et de traduire les coupables devant Dame Thémis.

Par ailleurs, la Préfecture maritime admet que des recherches sont en cours, pour retrouver les portés disparus.

Toujours est-il qu’à côté des morts et des disparus, il y a des passagers hospitalisés à l’hosto Ignace Deen. Mais pour l’instant, il est difficile d’établir le nombre réel des passagers à bord du navire. Ni auprès des rescapés ni auprès des services maritimes. Et les commentaires vont bon train, au moment où nous publions cet article. Les chances de retrouver d’éventuels survivants s’amenuisent.

Les naufrages aux larges de Cona-cris sont fréquents lors des fêtes de faim d’année. Il y a eu plusieurs morts ces dernières années notamment en 2015, en janvier et juillet, dans les plages de Lambanyi et Rogbanè dans la commune de Ratoma.

Lébéré Baldé