Les propos polémiques de l’ambassadeur de Russie en Guinée, Alexandre Brégadzé, soutenant ouvertement une modification de la Constitution, ont suscité la colère de la société civile guinéenne. Celle-ci a organisé, ce lundi un sit-in devant les locaux de l’ambassade à Matam, pour protester contre « l’immixtion » du diplomage dans les affres intérieures de la Guinée. Sit-in dispersé par la police. Selon la déclaration des organisateurs, l’ambassadeur « transgresse les limites qui lui sont reconnues par la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires, et viole le principe de non-ingérence dans les affaires internes d’un Etat. Les organisations de jeunesse de la société civile guinéenne condamnent fermement ces propos et exigent à l’Ambassadeur de présenter des excuses publiques au peuple souverain de Guinée ; de penser aux relations toutes particulières qui ont liées son pays à la Guinée depuis les premières heures de notre indépendance ».

Pour la société civile, il n’est pas du rôle d’un ambassadeur de dicter à la Guinée son avenir politique, son régime ou son système de gouvernance. Les frustrés demandent aux autorités guinéennes de sortir de son « silence coupable pour condamner cette immixtion et rappeler l’ambassadeur à l’ordre ». A la communauté internationale, d’interpeler l’ambassadeur. Aux Guinéens de rester vigilant sur toute question portant atteinte à la souveraineté, car acquise au prix des âmes.

Gabriel Haba, prési de la Brigade d’action citoyenne : « L’empêchement des forces de l’ordre prouve qu’on n’est plus dans un Etat de droit. On ne devrait pas nous empêcher d’exercer nos droits, mais vous avez suivi comment on nous a repoussés avec du gaz lacrymogène. Nous sommes dans une jungle, où règne la loi du plus fort. La Guinée est l’otage d’un groupe. Comment peut-on nous empêcher d’exprimer notre amertume face à des propos violant la souveraineté de la Guinée ? C’est une preuve de complicité des autorités guinéennes ».

« Nous exigeons son rapatriement »

Sékou Doré, coordinateur national du RAJEGUI (Réseau Afrique jeunesse de Guinée) souligne que la Guinée n’est pas dirigée par une puissance extérieure. « La Constitution prévoit que le président de la République est élu pour un mandat de cinq ans, renouvelable une fois. En aucun cas, il ne peut exercer plus de deux mandats, consécutifs ou non. Les propos de l’ambassadeur de la Russie incitent le président de la République à un troisième mandat. Nous exigeons son rapatriement. Sieur Doré rapepelle que la Guinée n’est pas une sous-préfecture d’une quelconque puissance étrangère. C’est aux Guinéens de décider de leur avenir politique, d’où la mobilisation »