Le procès des 8 militants de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) a démarré ce lundi 14 janvier au tribunal de première instance de Kaloum. Interpellés devant le mystère de l’Administration du territoire et de la décentralisation et la Direction nationale de la Police judiciaire le 7 janvier dernier, Amadou Diogo Barry, Ousmane Bah, Thierno Ibrahima Diallo, Souleymane Diallo, Abdoul Salam Sow, Alhousseny Diallo, Amadou Billo Diallo et Mamadou Malal Diallo sont accusés d’attroupement illégal et troubles à l’ordre public. Ils réclamaient l’installation de Kalémodou Yansané, candidat de l’UFDG comme maire de la commune de Matoto. Ce lundi, la salle d’audience s’est vite emplie de militants, responsables et dépités du parti. Le procès a débuté à 10 h 50 minutes et a duré six heures. Ils ont finalement été condamnés à 7 jours d’emprisonnement et d’une amende de 300 000 mille francs guinéens chacun par la juge Mariam Doumbouya. Mais ils rentreront tous à la maison ce soir puisqu’ils étaient sous mandat de dépôt depuis le 7 janvier.

Les faits se sont produits dans deux endroits différents. Amadou Diogo Barry, Ousmane Bah et Ibrahima Diallo sont interpellés devant le mystère de l’Administration du territoire. Ils reconnaissent les faits d’attroupement, mais rejettent catégoriquement l’inculpation pour troubles à l’ordre public : « Nous, responsables de la jeunesse de l’UFDG, avons jugé nécessaire de faire des sit-in devant le ministère de l’Administration du territoire pour rappeler que l’annulation de l’exécutif communal de Matoto est nulle et de nul effet. Nous nous sommes retrouvés avec des pancartes, des slogans, dans le calme pour dénoncer cette situation. Personne n’a été dérangé dans ses mouvements jusqu’à à ce qu’une unité mixte de policiers et de gendarmes est venue nous arrêter » relate Amadou Diogo Barry. Ses deux amis ont narré des faits pratiquement similaires.

Les cinq autres prévenus ont été mis aux arrêts devant la DPJ en compagnie du dépité Mohamed Bakary Keïta, alors que le sit-in avait déjà été dispersé. Ils nient en bloc toutes les accusations portées à leur encontre. Leur position a fait sortir le pro-crieur, Aboubacar Sir Sylla de ses gonds : « Ce qui arrive à la Guinée, c’est que les gens ne lisent pas les textes de lois. Et quand on ne connaît pas la loi on fait du n’importe quoi. C’est pourquoi les gens se sont arrogés le droit d’aller troubler l’ordre public ».

Les avocats de la défense ont axé leur ligne de défense sur l’origine de toute cette affaire : l’annulation de l’élection de l’exécutif communal de la circonscription de Matoto. Pour maître Salifou Béavogui, les coupables dans cette affaire courent toujours : « C’est la justice qui est habilitée à annuler une élection. Donc c’est le ministre de l’Administration du territoire qui a troublé l’ordre public. Si c’était un soutien à Toss (candidat du RPG ndlr) on les aurait acclamés, mais quand il s’agit des militants de l’opposition tout va très vite. La preuve en est que Bala Moussa Keïta qui a plongé tout un peuple dans le désarroi se promène librement. Pour nous il n’y a pas d’infractions, mais plutôt un deux poids deux mesures ».

Dans ses réquisitions, Aboubacar Sir Sylla a demandé à la juge de condamner les prévenus au paiement de 500 000 mille francs guinéens pour les dissuader de participer à un acte similaire prochainement et de les exempter de toute peine de prison : « C’est vrai qu’ils sont des jeunes cadres inexpérimentés, mais leur acte était prémédité. Il faut qu’ils privilégient le combat d’idées à la rue. Puisque c’est des délinquants primaires je vous prie donc de les épargner de la peine de prison ». La defense a plaidé la relaxe pure et simple de leurs clients, arguant que leur seul crime est d’appartenir à l’UFDG et d’avoir réclamé la restitution ‘’de la vérité des urnes’’. La juge Mariam Doumbouya les a condamnés finalement au temps mis en prison, soit 7 jours. Ils étaient à la maison centrale depuis le 7 janvier dernier. La défense a annoncé qu’elle fera appel de cette condamnation. Maitre Béa et ses confrères prévoient également d’introduire un recours en annulation de la décision de Bouréma Condé de reprendre l’installation de l’exécutif communal de Matoto.

Yacine Diallo