Le tribunal de première instance de Dixinn vient de rendre son verdict dans le procès opposant Doussou Condé à Albert Damantang Camara. L’ancienne militante du RPG a été condamnée à deux millions de francs guinéens à titre d’amende, mais également au paiement d’un franc symbolique pour les préjudices causés au plaignant. Poursuivie pour diffamation et dénonciation calomnieuse, dame Doussou n’a été finalement retenue dans les liens de la culpabilité par le juge Thierno Soulmeymane Barry que pour la dénonciation calomnieuse. Elle risquait gros dans cette affaire, si la partie civile n’avait réclamé que le paiement d’un franc symbolique, le procureur Boubacar I Bah avait requis 2 ans d’emprisonnement et l’émission d’un mandat d’arrêt international.

Après l’audience, le plaignant et son avocat se sont frottés les mains : « C’est juste un message qui est envoyé à tous ceux qui s’adonnent à des entreprises de destruction de la personnalité et de la réputation des gens par voie de presse, tout simplement parce qu’ils ont la chance d’avoir accès à des médias. C’est très symbolique, c’est toujours plus facile de détruire que de construire. Ceux qui prennent quelques secondes pour porter atteinte à la réputation de quelqu’un prendront des mois pour en réparer. Ce que le tribunal a démontré aujourd’hui est pour moi largement suffisant » déclare l’ex porte-voix du goubernement. Même son de cloche chez son avocat, Labila Michel Sonamou : « Nous avons dit que nous n’avons pas initié cette procédure pour nous enrichir, mais pour que les propos de dame Doussou Condé à l’encontre de mon client soient sanctionnés par une décision de justice. Le silence de monsieur Damantang aurait donné du crédit à tout ce que cette dame a raconté. C’est une satisfaction parce que la loi a été dite ».

Cette procédure qui a abouti à la condamnation de l’ancienne proche du chef de l’Etat, Alpha Condé n’est pas du goût de l’administrateur général du groupe Lynx. Doyen Souleymane Diallo dénonce le fait que la justice ait traité cette affaire avec le code pénal, alors que le « délit » aurait été commis par voie de presse : « J’ai honte aujourd’hui pour la justice guinéenne, j’ai honte d’entendre un avocat parler comme ça. Ils ont traité le cas avec le code pénal (articles 361, 362,363 et 364 du code pénal, ndlr). C’est absolument interdit à un juge de juger un délit de presse par le code pénal. Et le code pénal lui-même prévoit que c’est l’autre loi qui le juge (la loi sur la liberté de la presse). Ils se sont totalement trompés, ils se sont totalement gourés. C’est absolument honteux d’entendre un juge et un avocat parler de code pénal au moment où la loi sur la liberté de la presse est en vigueur en Guinée. J’interjetterai appel et on va reprendre toute cette histoire par la loi sur la liberté de la presse. C’est vraiment honteux qu’on soit encore là en république de Guinée ».

Cette affaire est partie des déclarations de Doussou Condé dans l’émission Œil de Lynx de la radio Lynx fm, le 14 juillet dernier. Elle aurait accusé Damantang de s’être arrogé le monopole de la distribution du carburant aux sociétés minières dans la région de Boké et de distribuer des véhicules de l’administration à des anonymes. Des accusations qu’elle maintient jusqu’à nos jours.

Yacine Diallo