Rien ne va plus entre l’ordre des avocats (sans vinaigrette) et le premier président de la Cour d’appel de Cona-cris. Ce jeudi, 19 septembre à la maison de la presse, le bâtonnier et son bureau ont organisé une conf de stress pour dénoncer l’ingérence de Mamadou Alioun Dramé et certains de ses conseillés dans les affaires du barreau de Guinée. Dans une déclaration qu’ils ont rendue publique, le barreau de Guinée menace de paralyser les audiences de la Cour d’appel à partir du 23 septembre 2019.

Cette affaire a éclaté au grand jour après la prestation de serment, le 16 septembre de 11 nouveaux avocats stagiaires devant le premier président de la cour d’appel. Cette audience a provoqué l’ire du barreau guinéen qui n’avait pas donné son accord puisque n’ayant pas été associé et dénonçant la procédure en la matière.

Tout a commencé en 2018, lorsque le Conseil de l’ordre a organisé le CAPA (Certificat d’aptitude à la profession d’avocat). C’est un concours organisé à l’intention des sortants des facultés de droits afin d’exercer des stages dans différents cabinets. Chaque année, les candidats ayant obtenu au moins 12 de moyenne sont déclarés admissibles à pourvoir la quinzaine de places disponibles. 65 postulants étaient donc admissibles. Mais le jury qui a géré le concours de 2018 aurait recommandé d’augmenter les places, vu la grandeur du bled. Décision a donc été prise au niveau du barreau d’étendre à 35 admis. Les problèmes sont partis de là. Les 30 candidats déclarés non admis ont attaqué le procès-verbal du jury du concours et la décision du bâtonnier de ne pas les présenter à la prestation de serment. Ils ont été déboutés. Finalement 11 d’entre eux ne sont pas restés bras croisés, ils décident de saisir la cour d’appel. Le Barreau porte l’affaire devant la Cour suprême. Avant même que cette dernière ne se prononce, la Cour d’appel de Cona-cris décide de faire prêter serment à ce groupe. Une provocation selon Me Jocamey Haba, secrétaire gênant adjoint du Barreau : « Un petit groupe de magistrats a décidé de s’introniser en assemblée générale. Nous étions en vacances judiciaires. Ils se sont arrangés à faire organiser une prestation de serment. Nous avons saisi la Cour suprême, introduit une requête aux fins de sursis. Sur le plan juridique, nous avons respecté toutes les procédures. Nous ne sommes contre aucun jeune, mais nous voulons que les principes soient défendus. Cette prestation a été organisée en violation de la loi, mais le premier président de la Cour d’appel a voulu provoqué le barreau, créer un précédent dangereux et nous laisser une tâche noire.

Cette guéguerre entre le Barreau de Guinée et une partie de la Cour d’Appel d’une part, et le Barreau et les 11 postulants de l’autre pourraient engendrer de lourdes conséquences. Le Barreau est décidé à punir « ses immixtions » de la plus rigoureuse des manières. Un certain nombre de mesures sont d’ores et déjà prises : « Ils ont fait prêter serment des postulants sans que ceux-ci n’aient été présentés par le barreau. Mais cet acte ne restera pas impuni. C’est pourquoi il est interdit à tous les avocats du barreau de Guinée, sous peine de sanctions disciplinaires, de recevoir dans leur cabinets ces personnes pour le stage. Une plainte contre les magistrats auteurs de ces agissements sera déposée au Conseil supérieur de la magistrature et éventuellement une action au pénal contre ces mêmes magistrats pour le parjure. La non-participation des avocats aux audiences de la Cour d’appel pendant deux semaines. La non-participation aux audiences du premier président de la Cour d’appel pendant une période d’un mois, reconductible » explique le Bâtonnier, Me Djibril Kouyaté.

Mais il se murmure que des avocats du Barreau ne sont pas prêts à se plier à ces décisions puisqu’ils avaient déjà ces postulants dans leurs cabinets depuis plusieurs années.

Yacine Diallo