Au terme de quatre années de gestion de l’Electricité de Guinée (EDG), Veolia-Seureca a passé la main, le 10 octobre à Cona-cris, à un conseil d’administration dirigé par le ministre conseiller à la présidence, El hadj Bah Ousmane. Les membres de ce conseil ont été installés en présence du ministre de l’Energie, Cheick Taliby Sylla lequel a déclaré, d’emblée, que le bilan du Veolia reste mitigé, car certains « objectifs n’ont pas été atteints. » Selon lui, le  goubernement a proposé à la société, « dans la plus grande transparence », un contrat de transition de six nouveaux mois conformément aux dispositions du contrat de base, « malheureusement, au moment où le gouvernement s’attendait à la signature de ce contrat, Veolia s’est désisté. Malgré nos efforts de relance, nous n’avons pas pu contenir ce contrat, puisque la société n’a pas souhaité continuer avec nous. »

Le ministre Cheick Taliby Sylla a demandé aux membres du conseil d’administration de faire des propositions « concrètes » au goubernement qui seront soumises au Grimpeur, et de tout mettre en œuvre pour préserver les acquis. « Les revenus de l’EDG ont été sécurisés, il y a la maîtrise dans les achats, dans la gestion de la logistique et de la masse salariale. Au niveau commercial, il y a des objectifs qui n’ont pas été atteints, mais il y a un début de solution. Il y a beaucoup de choses à faire, la société EDG ne doit pas s’arrêter », a exhorté le ministre. Et de tancer les sociétés occidentales : « Si on va chercher ailleurs pour pouvoir gérer ce qui nous appartient, c’est parce qu’il nous manque quelque chose. Si une société africaine va en Tchécoslovaquie, en Russie, pour dire que je suis candidat pour gérer par exemple Gazprom. Ils te demanderont ce que tu es venu faire ici. Mais pourquoi les gens viennent de l’occident pour gérer ce qui nous appartient ? C’est une question que je pose, réfléchissez ! Vous trouverez peut-être la réponse. Je ne vais pas faire des déclarations rocambolesques, mais je préfère exciter vos esprits et conscience pour que vous vous mettiez à 100 % à la tâche. » Le ministre Sylla ajoute qu’il faudrait que le flux énergétique qui arrive corresponde au flux financier pour pouvoir « davantage approvisionner toutes les régions de Guinée en électricité. »

El hadj Bah Ousmane a estimé que les membres du conseil d’administration qu’il dirige sont « parfaitement conscients » de la situation, et « ils mettront leurs compétences au service de la nation dans le cadre institutionnel. » Ce passage d’EDG sous contrat de gestion à une EDG dotée d’un conseil d’administration doit évoluer dans une dynamique plus ambitieuse, a laissé entendre Cheick Taliby Sylla. Par ailleurs, le prési du conseil a regretté le fait que Veolia n’a pas transféré ses compétences à une équipe guinéenne avant son départ.  

Abdenbi Attou, l’ex-prési de Veolia, s’est félicité le fait que le contrat est arrivé à son terme et a laissé un bilan « fort appréciable ». Selon lui, en termes de production en 2015, il avait 700 GW ; en 2019 la barre de 1 020 GW a été dépassée, les ventes ont aussi progressé de manière considérable : 770 000 abonnés de nos jours, contre 238 000 en 2015. M. Attou conclut que la desserte est « nettement » améliorée avec l’effort cumulé de tous les acteurs.

Yaya Doumbouya