Du 2 au 4 octobre, d’anciens chefs d’Etat du continent africain étaient en conclave à Niamey au Niger. Ils planchaient avec des acteurs de la société civile sur la limitation et le respect du nombre des mandats présidentiels, la consolidation de la démocratie et le transfert de pouvoir. Un sommet qui s’est tenu au moment où plusieurs chefs d’Etat en exercice, notamment celui de la Guinée, Alpha Condé, sont soupçonnés de vouloir modifier la Constitution pour se maintenir au pouvoir au-delà de leurs mandats légaux. Fraichement revenu de la capitale nigérienne où il a représenté le Front national pour la défense de la Constitution et la société civile guinéenne, Ibrahima Diallo, chargé des opérations au FNDC revient dans cette interview, de nos confrères de La Lance, sur les moments forts de la rencontre.

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La Lance : Vous étiez à Niamey, la capitale nigérienne pour participer au sommet d’anciens chefs d’Etats africains, quel en était l’objectif ?

Ibrahima Diallo : Cette rencontre était consacrée à la limitation du nombre des mandats sur le continent africain. Comme vous le savez, la Guinée est aujourd’hui dans une situation où la question du 3e mandat est à l’ordre jour. Donc c’est pourquoi j’ai été invité en tant que coordinateur de la coalition internationale ‘’Tournons la page’’, responsable des opérations du FNDC pour représenter la société civile. Le thème principal c’était la limitation et le respect du nombre des mandats. Il y a eu beaucoup de discussions où tout le monde est arrivé à la conclusion que vu que la démocratie est en recul dans certains pays, qu’il faut promouvoir cette limitation du nombre des mandats. Qu’il faut aussi, dans les pays où la limitation est consacrée, faire en sorte que les présidents en exercice puissent respecter scrupuleusement ces dispositions. C’est le cas de notre pays.

Quels enseignements vous tirez de cette rencontre avec ces anciens chefs d’Etats à Niamey ?

J’ai eu des rencontres avec les organisations de la société civile venues d’autres horizons notamment du Sénégal, du Burkina Faso, le Congo. Ils m’ont épaulé pour faire en sorte que la situation guinéenne soit à l’ordre du jour. Nous avons fait des plaidoyers ensemble, dans la déclaration nous avons fait en sorte que la situation guinéenne soit clairement évoquée, que les acteurs (anciens chefs d’Etats, acteurs de la société civile) présents à la rencontre puissent s’accorder sur le fait qu’il faut mener des actions allant dans le sens d’exiger le respect du nombre des mandats. Par la suite la suite, j’ai eu le privilège de rencontrer cinq anciens chefs d’Etats. Nous avons échangé, j’ai expliqué la situation qui prévaut en Guinée.

Quelle est la position de ces acteurs vis-à-vis de la situation guinéenne ?

Mais ce qui est nouveau, ce que tout le monde est étonné de la volonté d’Alpha Condé de changer cette constitution. Cet étonnement est justifié par le fait qu’Alpha Condé affirme avoir mené le combat contre la domination coloniale, mais aussi pour des valeurs et principes qu’il est en train de fouler au sol aujourd’hui. Il s’est opposé au projet de 3e mandat du général Lansana Conté en 2001. Tous les anciens chefs d’Etats ont exprimé leur étonnement par rapport à cette ambition de monsieur Alpha Condé. Je pense que nous avons été compris et attendez-vous à des discussions les prochains jours dans les milieux diplomatiques pour le ramener à la raison. Tous ces chefs d’Etat sont contre le 3e mandat. Tous les acteurs se sont engagés à mener ce combat, et la déclaration de Niamey en fait foi. Ces chefs d’Etats se sont engagés à entreprendre des actions de bons offices pour conseiller le président Alpha Condé de s’inscrire du bon côté de l’histoire.

Est-ce que ces anciens chefs d’Etat peuvent faire changer d’avis le président Alpha Condé là où la CEDEAO et l’Union Africaine ne se sont mêmes pas faits entendre de façon officielle, vu qu’ils n’ont plus de mandat ?

Ces institutions n’ont pas du mal à se faire entendre. Au contraire, ils sont contre le changement des Constitutions pour des 3e mandats. Ils ont adopté des protocoles d’accord par rapport à cette question. Nous, nous avons le sentiment d’être entendus parce que nous avons eu des rencontres avec des personnalités de l’Union Africaine et de la CEDEAO pour aborder la question guinéenne. Nous nous sommes plutôt sentis à l’aise parce que nous avons été respectés.

Yacine Diallo