A la veille de la conférence en France des donateurs du Fond mondial contre le VIH-Sida, la tuberculose et la malaria, Médecin Sans Frontière Guinée (MSF) a tenu une conférence de stress à Cona-cris pour alerter l’opinion sur les risques de propagation de la pathologie dans le bled. MSF-Guinée se retrouve à court de financements, ce qui entraîne parfois une rupture d’approvisionnement en médicaments antirétroviraux (ARV) en Guinée, alors que la maladie est en train de gagner du terrain, avec un taux de prévalence de 1, 5 %. Et seuls 65 % de personnes vivant avec la maladie connaitraient leur statut. « Sur les 120 000  personnes vivant avec le VIH, seuls 48 575 ont été mis sous traitement. Cela signifie qu’on est autour de 40 % de mise sous traitement et les 60% autres sont hors de traitement. C’est dire qu’il y a un risque de recrudescence de la maladie. En 2018, on parlait de 6 400 nouvelles infections liées au VIH par an. Aujourd’hui nous en sommes à 7 200 », regrette le docteur Christine Bimansha, la coordinatrice du projet VIH de MSF à Cona-cris. Elle a précisé que la rupture du traitement entraîne des risques de résistances et d’échecs thérapeutiques. « Malheureusement, la chaîne d’approvisionnement connaît une rupture dans le pays et les patients sont exposés aux interruptions. »    

Arnaud Badinier, le chef de mission de MSF basé à Conakry, a indiqué que la lutte contre le VIH en Guinée accuse un grand retard par rapport au reste du contient et de la sous-région. « Entre 2010 et 2016, l’incidence (nombre de nouveaux cas) du VIH en Guinée n’a diminué que de 5 %, alors que l’Afrique de l’ouest et centrale enregistraient une baisse de 12 %. Dans le reste de l’Afrique subsaharienne, elle atteignait parfois 26% dans certaines zones. Durant cette même période, les décès en lien avec le VIH ont augmenté de 7%  en Guinée alors qu’ils ont reculé de 27 % dans la région et de 37 % dans le reste de l’Afrique », s’alarme-t-il, avant d’appeler tous les acteurs concernés à s’impliquer davantage dans l’éradication de la maladie.

Yaya Doumbouya