En branle depuis le 14 octobre 2019, la machine de répression contre les opposants à la nouvelle Constitution demeure trop meurtrière. De manif en manif, vieux, nounous, jeunots, ados, tombent. En marge de l’appel à la résistance citoyen active et permanente du Font national pour la défense de la Constitution (FNDC) du 19 au 20 février, Souleymane Barry, collégien de treize ans, a été fauché par balle à 18 heures, le 20 février à Wanindara, où flics et bidasses intensifient les exactions. Ses parents attristés, meurtris, accusent les agents de la Brigade anti-criminalité (BAC) numéro 13 d’en être responsables et ont annoncé d’emblée une plainte contre l’unité. Mamadou Barry explique que son neveu a été fauché pendant qu’il se rendait à la mosquée. Ce meurtre porte à près d’une quarantaine de victimes depuis la première manif du Front national pour la défense de la Constitution, le 14 février.

«Lorsqu’il a été atteint, nous l’avons envoyé à Ignace Deen. On nous a dit d’aller à l’hôpital Donka pour chercher du sang, car il en avait beaucoup perdu. Arrivé là-bas, j’ai donné mon sang. Nous sommes encore retournés à l’hôpital Ignace-Deen. Ensuite, il a été admis au bloc opératoire. Mais après l’opération à 00 heure, Souleymane Barry ne s’est jamais réveillé. Nous accusons la BAC 13 d’en être responsable. C’est eux qui ont tué notre garçon, alors qu’il partait à la mosquée pour lire le coran. Nous sommes très tristes. Tu mets un enfant au monde et quelqu’un se donne l’audace de venir le tuer comme un singe. Nous souhaitons que ce régime-là s’en aille maintenant, nous a avons marre de ce régime», se désole Mamadou Barry.
«Ses bourreaux nous ont suivis.»
Le père de la victime, Boubacar Barry, revenait de Dalaba à la suite du décès d’un ses frères lorsqu’il a appris le meurtre de son enfant. «Je suis triste et sans mot par rapport à la mort par balle de mon enfant. Je pardonne à mon fils, mais je ne pardonnerai jamais à celui qui lui a ôté la vie. Les agents qui l’ont tué sont bien connus, c’est la BAC 13. Je vais porter plainte à la justice contre eux, même si je n’ai pas espoir que justice sera rendue. Je le dis parce qu’avant mon fils, plusieurs autres jeunes gens ont été tués, et jusque-là, aucun coupable n’a été présenté aux Guinéens. Mon fils était un bon garçon, un enfant sérieux qui ne m’a jamais fait pleurer. Je l’aimais plus que tous mes enfants, car il était le seul, en plus de l’école française, à être régulier dans l’apprentissage du coran», déplore M. Barry, en émoi. Dame Fatoumata Binta Barry, la maman du défunt, de préciser : « Quand je sortais, j’ai dit à mon fils d’aller lire le Coran. C’est en cours de route qu’il a été tué. Mon fils n’est jamais sorti dans les rues pour manifester. Et, des hommes sans cœur sont venus ôter la vie à mon enfant à côté de notre maison, alors qu’il n’a rien fait. Quand on allait à l’hôpital, ses bourreaux nous ont suivis pour nous attaquer encore. Je ne pardonnerai jamais à ceux qui ont tiré sur mon fils, je ne leur pardonnerai jamais.»
Issa Sous-mât, le maire de la commune de Ratoma, s’est rendu dans la famille pour présenter ses condoléances. Il a dénoncé le fait que l’on ne tue que dans sa commune et pas ailleurs. « C’est un sentiment de stupeur et de tristesse pour moi. J’ai demandé aux autorités de prendre des dispositions pour empêcher qu’on tue des enfants à Ratoma. On ne tue pas des enfants à Kaloum, ni à Matam encore moins à Matoto ou à Dixinn. Qu’on arrête de tuer les gens dans ma commune. Nous allons prendre des dispositions en rapport avec l’ensemble des conseillers de la commune pour voir ce qu’il y a lieu de faire pour faire arrêter ces tueries », a-t-il promis.
Yaya Doumbouya