Le Parti panafricain de Guinée, piloté par Mohamed Mansour Kaba semble avoir tiré d’amères expériences de sa participation aux législatives du 22 mars. Il vient de décocher de flèches d’inégales pointures à LAlpha Grimpeur et à la Petite Cellule Dalein Diallo. Il est si amer des législatives qu’il n’a pas hésité à en réserver le gros lot au candidat du RPG.

Le 18 octobre 2020, le peuple de Guinée sera appelé à élire un président de la république, suite aux manipulations déshonorantes des initiateurs du referendum de  mars 2020 et de l’instauration d’une « nouvelle république » qui ne pourra se maintenir qu’au prix d’une dictature sanguinaire. Notre parti, le Parti Panafricain de Guinée (PAG) ne veut pas participer à cette mascarade électorale. Pour la simple raison qu’ayant participé aux élections législatives de mars 2020, nous avons été victimes de tricheries honteuses de la part des institutions étatiques chargées de l’organisation des élections et des referendums. Selon des sources bien informées de la CENI, notre parti aurait obtenu suffisamment de suffrages seulement à Kankan, à Siguiri et à  Nzérékoré pour obtenir au moins deux députés et avoir droit au remboursement de notre caution de deux cent millions de francs guinéens (200 000 000.- GNF). Mais le régime autocratique de Conakry en a décidé autrement, en ne nous accordant que 0,10 % des voix, ce qui signifiait la perte de notre caution ! D’où notre défiance totale par rapport aux institutions obéissant au doigt et à l’œil du dictateur. Venons-en au bilan de dix ans de pouvoir d’Alpha Condé. C’est une énorme déception, quel que soit le domaine considéré :

1.    La desserte du courant électrique dans l’ensemble du territoire guinéen : La construction des barrages de Kaléta et de Souapiti sur le fleuve Konkouré est présentée comme le fleuron des réalisations de son régime. Mais ce que les propagandistes du RPG-AEC oublient de préciser, c’est que l’énergie électrique produite par ces deux barrages servira à électrifier la Basse Guinée, la Moyenne Guinée et les pays voisins comme le Sénégal, la Gambie et la Guinée Bissau. Le matériel  de transport d’énergie a déjà été livré depuis très longtemps à Labé. Pour tromper la vigilance des Guinéennes et des Guinéens, le gouvernement parle d’un barrage sur le fleuve Gambie qui n’a jamais connu un simple début de réalisation. Ainsi et sciemment, le régime d’Alpha Condé crée de toutes pièces des déséquilibres dans le développement harmonieux des quatre régions naturelles de la Guinée, la Région Forestière et la Haute Guinée étant condamnées à végéter dans l’obscurité. Il n’y a rien d’étonnant dans cette politique menée sans vergogne lorsqu’on sait qu’un membre influent du gouvernement a dit publiquement que « la question de l’électrification de la Haute Guinée n’est pas à l’ordre du jour ».

Précisons par ailleurs que le peu de courant électrique qui est fourni dans la ville de Kankan, la capitale de la Haute Guinée avec 22 % de l’électorat national et la deuxième ville du pays, n’est disponible que sept heures sur vingt-quatre heures, soit chaque jour, de dix-huit heures à une heure du matin. Ce qui veut dire que les habitants de cette ville ne reçoivent systématiquement pas de courant électrique pendant la journée de travail, soit de huit heures à dix-huit heures. Les coupures intempestives de courant n’interviennent que pendant les sept heures nocturnes. Comment peut-on parler de développement d’un pays ou d’une région sans énergie électrique ?

2.    Sur l’exploitation minière : Le scandale géologique de la Guinée est connu de tous. Le régime d’Alpha Condé a multiplié par dix le nombre de sociétés minières exploitant la bauxite de la Guinée dans sa partie occidentale, la Basse Guinée. Le règne de la corruption dans ce domaine ne permet pas à notre pays de tirer le meilleur bénéfice de cette exploitation effrénée de nos richesses minières :

 – Cette activité se limite à l’exportation de la bauxite sans aucune transformation préalable, ni tri pour connaître les autres minerais qui sont mêlés à la bauxite et qui rapporteraient beaucoup plus à notre économie;

– L’expropriation des paysans voisins et la destruction de leurs cultures ou de leurs pâturages sans aucune compensation conséquente ;

– La destruction de l’environnement et la propagation des maladies respiratoires des riverains de ces mines par les nuées de poussière.

3.    Sur les infrastructures de transport terrestre : Les rails de la ligne de chemin de fer Conakry-Kankan ayant été déterrés et vendus par le régime du président Lansana Conté (quel gâchis !) Alpha Condé a promis pendant la campagne électorale que dès son élection à la magistrature suprême, il ramènerait les rails de Conakry à Kankan en moins de huit mois. Mais dix ans après cette fausse promesse, cette ligne de chemin de fer est tombée dans les oubliettes…

S’agissant des routes nationales, c’est la désolation. En cette saison des pluies, aucune route nationale n’est praticable. Certaines sont carrément coupées, parce qu’inondées ou couvertes de boue. Que ceux qui douteraient de nos constats empruntent les routes nationales Kankan – Kissidougou, Kankan – Kérouané – Beyla et Kankan – Mandiana. Même la seule route bitumée de Kankan à Siguiri est menacée de coupure. Ils se rendront compte de la nullité du régime d’Alpha Condé en matière de routes et de transport inter – urbain.

La conséquence directe de cette défaillance du régime d’Alpha Condé est la mévente des produits agricoles qui, d’habitude, sont transportés des zones de production vers les zones de consommation. La crise de la pandémie du COVID-19 n’a rien à voir dans cette misère des paysans et des commerçants.

4.    Que dire de l’agriculture sous le règne d’Alpha Condé ? C’est dans ce domaine que l’incapacité de ce régime se manifeste de la manière la plus criarde. Et cela, sur toute l’étendue du territoire national. Avec les plaines côtières de Basse Guinée, sur 300 km de côte de mangrove et les nombreuses plaines le long des nombreux cours d’eau nationaux et interafricains (Niger, Sénégal, Gambie, Kolenten, Konkouré) et de leurs affluents (Tinkisso, Nyandan, Milo, Fié et Sankarani), notre pays dispose de centaines de milliers d’hectares cultivables. Alpha Condé avait promis l’autosuffisance alimentaire en moins de quatre ans. Dix ans après son accession à la présidence de la République, la Guinée importe encore chaque année plus de trois cent mille tonnes de riz. Lorsque vous voyez sur les 400 hectares de terres cultivables de Koundian (Préfecture de Mandiana) un seul attelage de deux bœufs sans aucune aide du gouvernement, vous venez à la conclusion qu’Alpha Condé se moque de nos paysans.

5.    Le secteur social (éducation, santé, services sociaux de base, etc.) est le parent pauvre du gouvernement du RPG-AEC : système éducatif anachronique et inefficace, un secteur de la santé indigent et exposé aux épidémies tant locales qu’internationales : paludisme, Sida, choléra, Ebola et COVID-19. Lorsque dans une région il n’y a ni eau, ni électricité et pas de routes carrossables, on ne peut pas parler ni d’hygiène, ni de production, ni de commercialisation du peu qui est récolté par des paysans désemparés. Par sagesse, le bon guinéen se sentant trompé et humilié par celui qu’il prenait comme son idole, ne gémit pas. Il se tait. Mais ce silence est lourd de conséquence : pour Alpha Condé et son régime, c’est une fin programmée. Car plus personne ne croit à ses promesses sans lendemain et à son mea culpa qui n’est que farce.

Fait à Kankan, le 28 Septembre 2020

Mohamed Mansour Kaba
Président du Parti Panafricain de Guinée (PAG)