Le 29 octobre, le ministère de la Ville et de l’Aménagement du trottoir a accordé 72 heures aux commerçants du Centre commercial «Sans Loi» de Kindia, pour quitter les lieux. Cet endroit de négoce a été baillé légalement par l’Etat guinéen à El Hadj Ousmane Baldé alias «Sans Loi», lequel a mis en valeur les lieux. Mais selon le goubernement, l’opérateur comique n’a pas respecté les termes du contrat de bail, notamment la construction d’un immeuble de trois étages. «Je ne sais pas ce que l’Etat veut de moi, par contre, je sais ce qu’il a fait», a réagi El Hadj Ousmane Baldé, le 5 novembre à son domicile. «On m’a envoyé un courrier m’annonçant qu’ils ont résilié le contrat qui nous liait. Ils m’ont sommé de libérer le centre sans délai. Je leur ai rappelé qu’un contrat commercial est différent d’un contrat de bail. Même si c’était un contrat commercial qui nous liait, il fallait accorder à l’intéressé six mois de préavis, avec tous les motifs valables. Il est vrai que même si le domaine est à l’Etat, les biens qui s’y trouvent, m’appartiennent. Je ne voudrais pas que l’on me traite comme cela», a souligné M. Baldé, qui est par ailleurs, le prési de la Coordination des Foulbés et Haali-Poular de Guinée. Depuis que le ministre de la Ville et de l’Aménagement du trottoir, Ibrahima Courroux-ma, s’est engagé à récupérer le domaine, l’opérateur comique s’est lancé dans les négociations. Sans succès. Il dit avoir sollicité maints rendez-vous auprès du Département, en vain. «Depuis, je me suis résolu à attendre, car ce qu’ils sont en train de faire n’ont rien à avoir avec les termes du contrat de bail, non plus avec la loi en la matière.» Même l’implication de la Chambre de commerce n’a point apporté grand-chose.

«Aucune considération»

Selon El Hadj Ousmane Baldé, le goubernement devait, ne serait-ce pour l’estime qu’il a pour les familles des commerçants, de les laisser juste pour un moment, le temps de faire leurs bagages. «Ils n’ont aucune considération pour les citoyens qui évoluent dans ce centre commercial, non plus pour le fait que ce sont des Guinéens qui exploitent ce lieu de négoce pour le développement socio-économique du pays. Déguerpir plus de deux milles personnes, quel que soit la raison, cela n’apporte rien au pays. Il faut avoir pitié d’eux, car ils sont Guinéens.»

Le ministre Ibrahima Courroux-ma évoque que El Hadj Ousmane Baldé n’a pas respecté les termes de l’accord, notamment la construction du centre commercial. Ce que n’a pas nié l’opérateur comique, mais, soutient que cela ne justifie point cet agissement du goubernement: «La construction, c’était pour trois étages, ce que je n’ai pas réalisé pour le moment. Mais même si cela n’a pas été fait, ils pouvaient me mettre en demeure pour que je complète la construction. Ils ne doivent pas venir le prendre en force, alors que les biens qui y sont m’appartiennent. Les 60 ans de bail ne sont pas seulement pour mon bien, mais celui de la population des Kindia et toute la nation guinéenne. Je ne comprends pas ce que l’Etat est en train faire, mais je pense que les Guinées ont compris.» El Hadj Ousmane Baldé a indiqué que ce qu’il est en train de subir «n’a rien à voir avec la politique. Chacun a son parti et chacun est libre de suivre son leader. Je ne suis pas proche du parti de l’Union des forces démocratiques de Guinée, on a des liens, mais on n’est pas proche. Le leader de l’UFDG suit le développement de son parti, cela ne change pas mon nom, ne change pas ma communauté, non plus mon pays.»

L’opérateur comique indique qu’il n’a pas obtenu le bail pour l’argent, mais c’est pour apporter sa pierre au développement socio-économique de la Guinée. «C’est un ancien gouverneur qui a sollicité mon aide pour que les opérateurs économiques puissent venir développer Kindia. Il m’a démarché pendant un an. A l’époque, j’étais le président de la Chambre de commerce. Je n’étais pas seul, il y a beaucoup d’autres bailleurs. Peut-être c’est moi ou mon bail qu’ils n’apprécient pas. Sinon, je ne suis pas seul, mais je suis le seul à avoir des ennuis. Je pense que dans ce cas, ce n’est pas à cause de la condition du bail, c’est personnel», ajoute-t-il.

Il faut rappeler que les négoces d’El Hadj Ousmane Baldé, situés à Matam et à Coronthie (Kaloum) ont été également fermés par l’Etat, alors qu’affirme-t-il, ses magasins renferment des marchandises périssables. «Ce sont eux qui savent la raison de leur agissement et ce que j’aurais fait pour mériter cela. Je n’en sais rien», conclut-il.

Yaya Doumbouya