Cette année 2020 qui s’achève dans quelques semaines n’aura pas enregistré le déroulement des JO d’été de Tokyo, en raison de la pandémie du Covid-19. Elle a néanmoins retenu notre attention à propos du procès du sénégalais Lamine Diack, ex patron de l’athlétisme mondial pour corruption. La gouvernance du sport mondial en aura pris un sérieux coup. La problématique de la cohabitation entre la morale et le sport se pose avec acuité. En attendant de voir l’aboutissement des différentes procédures engagées aussi bien à la FIFA qu’à l’IAAF, il est évident que beaucoup de choses vont changer dans la gouvernance mondiale du sport. Avec bien sûr des répercussions au niveau des différentes fédérations sportives.

S’il est unanimement admis que le sport est censé être pur – c’est pour cela qu’il y a des règles et des arbitres-, il n’en demeure pas moins vrai que dans la gestion des compétitions locales et internationales, des responsables véreux ne ménagent aucun effort pour fouler au pied les règles d’éthique et de fair play. Cette fâcheuse tendance est motivée par les contraintes de performances à atteindre à n’importe quel prix. En effet, depuis la nuit des temps, l’homme a cherché à améliorer ses performances, à plusieurs niveaux, par des moyens dits artificiels. En effet, les premières notions de dopage datent de l’Antiquité. Dès le VIème siècle avant Jésus Christ, les athlètes grecs ingéraient déjà des viandes variées selon la discipline sportive qu’ils exerçaient. Ainsi, les sauteurs mangeaient de la viande de chèvre, les boxeurs et les lanceurs mangeaient de la viande de taureau ou buvaient même son sang, et les lutteurs préféraient de la viande grasse de porc. Les grecs et les romains favorisaient l’hydromel, avec ses propriétés toniques des feuilles de sauge. Alors que les indigènes d’Amérique du Sud mâchaient les feuilles de coca pour pouvoir affronter le froid et l’altitude, et les indigènes d’Afrique mâchaient la noix de kola. Quant aux Chinois, ils connaissent depuis plus de 3 000 ans le ginseng !

Au fil des ans, les sportifs s’ingénient à améliorer leurs performances. A la fin du XIXe siècle, une mixture à base de vin et d’extraits de feuilles de cocaïne est populaire chez les cyclistes français. En 1904, aux Jeux olympiques de Saint-Louis (Etats Unis), le marathonien Thomas Hicks manque de mourir après avoir consommé un mélange de brandy et de strychnine, un stimulant. En 1959, des chercheurs de l’université de Harvard montrent pour la première fois que des nageurs à qui l’on a donné des amphétamines sont plus rapides que ceux qui ont reçu un placebo. Cinq ans après, le Comité international olympique interdit l’utilisation de substances dopantes et met en place des tests de dépistage. En 1972, aux Jeux de Munich, le CIO introduit de nouveaux outils de dépistage : la chromatographie en phase gazeuse et la spectroscopie de masse. A partir d’échantillons d’urine, on obtient une signature chimique que l’on compare avec celle de substances dopantes connues. De cette année à 1999, qui va enregistrer la création de l’Agence mondiale antidopage (AMA), plusieurs cas de dopage vont émailler les différents Jeux olympiques organisés dans cette séquence de temps.

Les impératifs de performance et de record imposent aux sportifs des efforts beaucoup plus intenses soutenus par les recherches technologiques en laboratoires. C’est à ce niveau de la problématique, que l’Agence antidopage devra intervenir pour indiquer la limite à ne pas franchir entre l’éthique, le fair play et le sport. La devise des Jeux olympiques – ‘’Citius, altius, fortius’’, qui signifie ‘’ Plus vite, plus haut, plus fort’’- entraîne inévitablement des progrès technologiques dans le sport et des polémiques à leur sujet. Aller plus vite, plus haut et plus fort fait partie intégrante de la logique de l’athlétisme en général, et des Jeux olympiques en particulier. Faudrait-il alors maintenir la tendance qui voudrait que les sportifs avec le concours de la technologie aillent au-delà des limites de la capacité du corps humain, ou réfléchir à des normes qui ne sacrifieraient pas les progrès de la recherche technologique.

Tout en maintenant l’esprit de compétition des disciplines sportives. Nous sommes ainsi au cœur d’un débat, qui est loin de prendre fin.

TSD