A quelques semaines de la fin d’année, il est loisible de constater que la liste des disparus s’allonge dangereusement dans le monde de la culture et du sport. Quelques jours après le décès de Augustin Sidi Diallo, président de la FIF, la Fédération Ivoirienne de football, c’est la terrible nouvelle qui tombe : Diégo Armando Maradona est mort le 25 novembre à Buenos Aires. A l’âge de 60 ans tout juste .Il a succombé à un arrêt cardiorespiratoire.

Pour certains, le plus grand joueur de l’histoire ; pour d’autres, l’un des plus grands, Maradona a été champion du monde, vice-champion du monde avec 91 sélections, une remarquable carrière, avec son club Boca Junior, au FC Barcelone et surtout à Naples où il a conquis la planète foot

L’idole absolue de Naples

En juillet 1984, Diego Maradona prend la direction de Naples, à la surprise générale, pour plus de 12 millions de dollars. Il est accueilli par des dizaines de milliers de supporters en délire au Stade San Paolo. En ce milieu des années 1980, le Napoli n’est pourtant qu’un club de second rang dans la toute puissante Série A, alors constellée de stars et de grandes équipes, parmi lesquelles la Juventus Turin de Michel Platini. Personne, à ce moment-là, ne peut imaginer que le club phare de cette ville pauvre et déshéritée, moquée par toute la Péninsule, va damer le pion aux richissimes équipes du Nord. La suite, légendaire, a été racontée à travers des tonnes de livres, de documentaires et de films.

Maradona et Naples remportent par deux fois la Série A, en 1987 et en 1990, décrochent même la Coupe UEFA en 1989 et entrent dans la légende. Jamais, une équipe du Sud de l’Italie n’avait réussi pareil exploit. Jamais, peut-être, un joueur n’aura reçu autant d’amour d’une ville, Naples, à qui il restera lié pour l’éternité. Encore aujourd’hui, impossible de se promener dans les rues napolitaines sans voir des maillots, des fresques ou des posters à l’effigie du “Pibe de Oro”. Ni ses liens avec la Camorra, la mafia locale, ni ses frasques, dont sa consommation de cocaïne, n’auront raison de ce lien.

La Coupe du monde 1986, son chef d’œuvre

Mais si le petit numéro 10 est devenu une légende du football, il le doit avant tout à ses exploits avec l’Argentine. L’apogée de sa carrière a lieu à l’été 1986, au Mexique, où il mènera tout un peuple à une deuxième victoire en Coupe du monde, après une victoire en finale face à la RFA (Allemagne de l’Ouest, 3-2). Quelques jours auparavant, le 22 juin 1986, il réalise le chef d’œuvre d’une vie en quarts de finale face à l’Angleterre, “l’ennemi” qui a battu militairement l’Argentine quatre ans plus tôt lors de la Guerre des Malouines. Au stade Aztèque de Mexico, Diego Maradona marque d’abord un but de la main : la fameuse “main de Dieu”. La suite, tous les amateurs de football la connaissent : il prend la balle au milieu de terrain, dribble la moitié de l’équipe anglaise et s’en va marquer le but de la victoire (2-1). Sans doute le plus beau de l’histoire de la Coupe du monde. 

Quatre ans après, ce sera le début de la fin pour Maradona. Et comme un symbole, le déclin de l’un des deux plus grands joueurs de l’histoire du football (avec Pelé), a lieu à Naples, dans ce Stadio San Paolo qui l’a fait roi et qui va le conspuer tout au long de la demi-finale du Mondial 1990 face à l’Italie. L’Argentine gagnera aux tirs au but, mais plus rien ne sera jamais comme avant. Quelques jours plus tard, en finale face à l’Allemagne (défaite 1-0), l’hymne argentin est hué par le Stadio Olimpico, Maradona insulte les fans italiens en retour. Un an plus tard, il quittera Naples et ne retrouvera plus son niveau. Ses démons, eux, resteront à ses côtés. 

Quelle image retenir de Maradona ?

A tort ou à raison, une certaine presse se délecte à comparer le défunt au Roi Pelé qui, à mes yeux, ne peut être comparé à nul footballeur. Il est indéniable que Maradona est un virtuose du ballon rond, mais de là à le considérer au-dessus du Brésilien est un pas que je ne saurais franchir….Armando Diego Maradona laisse à la postérité deux images fortes : celle d’un orfèvre du ballon rond, qui a fait soulever des millions de spectateurs dans maints stades, et celle d’un toxicomane invétéré qui n’a pas su résister à la tentation de la drogue. Avec l’usure du temps, l’on saura laquelle de ces deux images s’imposera.

TSD