Elu président de la CAF le 17 mars 2017 lors de son assemblée générale par 34 voix sur 54 votants, contre Issa Hayatou, le Malgache Amad Amad est suspendu pour 5 ans par la Commission d’éthique de la FIFA pour détournements de fonds et corruption. S’y ajoute une amende de 185 000 Euros. Cette sanction infligée le lundi 23 novembre, s’apparente comme un pied de nez à celui qui prônait pendant sa campagne une bonne gouvernance du football continental.

Au sortir du scrutin qui devait mettre fin au long règne du Camerounais Issa Hayatou, l’on envisageait de beaux jours pour le football africain. Ayant mis fin à 29 années d’une présidence ininterrompue, Ahmad Ahmad et son équipe ont présenté un programme de rupture, intitulé « Ensemble pour le changement », qui repose sur quatre piliers principaux : la transparence de la Confédération, une gouvernance ouverte et moderne, la transformation de l’institution et l’augmentation des revenus du football africain. Les premiers mois de son mandat sont salués, sa volonté réformatrice étant régulièrement soulignée.

Dès 2017, à la suite du Symposium de Rabat, au Maroc, Ahmad Ahmad propose au Comité Exécutif de la CAF de réformer le format des compétitions africaines de football, et notamment la plus importante d’entre elles, la Coupe d’Afrique des Nations. Le nouveau format est accepté avec 24 équipes en phase finale au lieu de 16, et mis en œuvre dès l’édition 2019, en Egypte, avec un nombre élargi de participants et l’introduction de la VAR pour assister l’arbitrage. Grâce à cela, des nations africaines participent pour la première fois à la plus prestigieuse compétition continentale, et ont la possibilité de se mesurer aux meilleures équipes d’Afrique.

Face à ce bilan élogieux, celui qui prônait la bonne gouvernance et une qualification du football continental s’est mis en contrecourant de sa profession de foi. Le 6 juin 2019, il est entendu par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) à Paris alors qu’il assistait au congrès de la FIFA. La CAF est soupçonnée d’avoir favorisé la société Tactical Steel pour la signature d’un engagement avec la CAF, visant à fournir les équipements du Chan 2018, tout en rompant celui que la CAF avait déjà avec Puma. Il ressort libre et sans mise en examen à l’issue de son audition.

Malgré cette relaxe, une procédure est ouverte sur la gestion du Président de la CAF. Une procédure qui trouve son épilogue cette semaine par la sentence prononcée par la chambre de jugement de la commission d’éthique de la FIFA en ces termes ‘’ La chambre de jugement de la Commission d’Éthique indépendante a jugé Ahmad Ahmad, président de la Confédération Africaine de Football (CAF) et vice-président de la FIFA, coupable d’avoir enfreint les articles. 15 (Devoir de loyauté), 20 (Acceptation et distribution de cadeaux ou autres avantages) et 25 (Abus de pouvoir) de l’édition 2020 du Code d’éthique de la FIFA, ainsi que l’article 28 (Détournement de fonds) de son édition 2018“, précise le communiqué de la FIFA.

L’enquête de la commission d’éthique a “porté sur diverses questions liées à la gouvernance de la CAF, dont l’organisation et le financement d’un pèlerinage à La Mecque, ses accointances avec l’entreprise d’équipement sportif Tactical Steel et d’autres activités“, précise la FIFA.

La FIFA “a prononcé à son encontre une interdiction de toute activité relative au football (administrative, sportive et autre) aux niveaux national et international pour une durée de cinq ans. Il devra en outre s’acquitter d’une amende s’élevant à 200.000 francs suisses“.

Le mis en cause a ainsi 60 jours pour faire appel de cette décision. Si le TAS, le Tribunal Arbitral du Sport confirme cette sentence, Amad Amad sera hors-jeu pour la prochaine assemblée élective du mois de mars 2021.

TSD