Pour opérer le passage en force et se maintenir certainement à vie dans la tanière de Sékhoutouréya, Alpha Grimpeur et son clan n’ont pas lésiné sur la brutalité. Au lendemain de la sélection présidentielle du 18 octobre, plus d’une quarantaine de familles ont perdu les leurs. Des personnes abattues pendant la contestation de ‘’la victoire’’ du Chef de l’Etat que la CENILE et la Basse-Cour constitutionnelle ont déclaré élu avec plus de 59% des suffrages. Outre ces morts, plus de 200 personnes ont été blessées, près de 400 autres interpellées. Ils croupissent dans les geôles de l’Alphagouvernance sans procès. El Hadj Ibrahima Sow, Mamadou Lamarana Diallo, il y a quelques semaines, et Roger Bamba, dernièrement, sont déjà décédés. Parmi les détenus, il y en a dont les familles ne savent pratiquement pas grand-chose. C’est le cas d’Amadou Diouldé Diallo, photographe et militant de l’UFDG. Il a été interpellé il y a un mois à son domicile de Yattayah. Mamadou Baïlo Diallo, son père raconte : « Des agents de la police ont débarqué de je ne sais où, Amadou était convalescent. Ce jour, il était en train de faire ses ablutions pour la prière de 14h, un policier a dit ‘’ c’est lui-même, c’est lui’’. Les autres se sont directement jetés sur mon fils. Ils l’ont arrêté, l’ont mis dans leur pick-up. Ils ont retourné toute sa  chambre, ils ont pris ses téléphones, son appareil photo, son ordinateur, ils ont fermé la chambre et sont partis avec les clés. Ils l’ont envoyé directement à la DPJ, c’est trois jours plus tard qu’il a pu nous informer qu’il est détenu là-bas ».

Amadou Djouldé Diallo aurait rapidement été auditionné sans avocat et placé sous mandat de dépôt à l’hôtel cinq étoiles de Coronthie dans les jours qui ont suivi. Depuis, ses parents sont pratiquement sans nouvelles : « Moi, je suis presque grabataire, sa maman a tout fait pour le rencontrer, une seule fois, elle a pu le voir, après avoir payé 50 000 francs guinéens. Il a dit à sa maman qu’il ne sait même pas pourquoi il est à la maison centrale. Nous ne savons pas dans quelles conditions il est détenu. Nous ne savons pas de quoi il est accusé. Nous ne savons même pas s’il a un avocat. Et sa maman n’arrive plus à le rencontrer. Cela nous inquiète parce que ces derniers temps nous voyons ce qui se passe à la Maison centrale. Nous demandons aux autorités judiciaires d’organiser au moins son procès  ».

 Comme Amadou Diouldé Diallo, des centaines d’autres citoyens sont enfermés dans les différentes prisons du bled sans autre forme de procès.

Yacine Diallo