22 décembre 2020 – Le 9 janvier dernier, le SLECG, Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée, déclenchait une grève générale et illimitée pour exiger l’amélioration des conditions de vie et de travail des enseignants. Aboubacar Soumah et ses collègues réclamaient notamment un salaire de base de 8 millions de francs guinéens. Au lieu d’engager des négociations avec les grévistes, le gouvernement Kassory s’était lancé dans une véritable chasse aux sorcières, en mettant aux arrêts certains responsables du SLECG, puis en utilisant les syndicalistes les uns contre les autres. Après le recensement des enseignants, le gouvernement a contourné le SLECG pour signer un protocole d’accord avec d’autres centrales qui n’étaient pourtant pas concernées par la grève. Les autorités se sont engagées à payer aux enseignants des primes d’incitation, au lieu d’augmenter leur salaire.

Mais voilà quatre mois que ces primes d’incitation ne tombent plus. Personne au niveau des différents syndicats ne sait pourquoi. Au ministère de l’Education nationale, on rejette la responsabilité sur celui du Budget. L’intersyndicale de l’Education menace donc d’aller en grève si cet argent n’est pas payé d’ici la fin de la semaine. Sauf que le SLECG qui s’est senti trahi au moment de la signature de ce protocole d’accord, ne veut pas du tout entendre parler de grève : « Le SLECG n’est pas associé à cette déclaration, d’ailleurs nous ne sommes pas membres de l’Intersyndicale de l’Education…nous ne sommes pas signataires de ce procès-verbal du 28 janvier 2020. Donc nous continuons les cours parce que nous avions informé l’opinion nationale et internationale que ces primes d’incitation n’étaient qu’un feu de paille » déclare Adrien Gbamy, chargé de communication du SLECG.

Il ajoute que le SLECG d’Aboubacar Soumah ne rejette pas ces primes offertes aux enseignants à l’issue du recensement, mais il voulait que cet argent soit ajouté au salaire indiciaire : « Ce montant provient du recensement, et ce protocole d’accord que nous avions signé avec le gouvernement dit qu’il faut le reverser sur le salaire de base indiciaire. Nous avons demandé que le principe s’applique à tous les enseignants sans exception. Il n’a pas daigné répondre ».

Pour Adrien Gbamy, les signataires de ce protocole d’accord (FSPE, SNE, SLECG version Kadiatou Bah, dissidents du SLECG d’Aboubacar Soumah), ont mené les enseignants sur un mauvais chemin : « Nous invitons les enseignants à continuer correctement le programme scolaire. Ça fait quatre mois qu’ils ne bénéficient pas de ces primes alors que ceux qui ont signé l’accord disaient qu’à la fin du mois, les enseignants allaient bénéficier de cet argent. Ce qu’ils ont signé n’est pas à l’avantage des enseignants. C’est une haute trahison, ils ont trahi les enseignants parce que ces primes n’ont pratiquement pas d’impact sur leurs vies. Ces primes ne sont même pas mentionnées sur les bulletins. Pour nous, il faut améliorer le salaire de base indiciaire. Tout le reste n’a aucune importance ».

Aux dernières nouvelles, le MENA aurait promis aux enseignants le paiement d’un mois de ces primes avant la fin de la semaine.

Yacine Diallo