Pour rendre un ultime hommage à Roger Bamba, l’Union des forces démocratiques de Guinée, UFDG, voulait faire les choses en grand. Mais les autorités guinéennes ont refusé au principal parti de l’opposition l’organisation d’un symposium pour le défunt dans la salle des Congrès du Palais du peuple ou encore à la maison des jeunes de Ratoma. Les gens ont finalement profité de la levée du corps de l’opposant, ce 8 janvier, pour lui rendre un ultime hommage. Militants, responsables de l’UFDG, de l’ANAD,  amis, proches de Roger, ressortissants de Lola et beaucoup d’autres anonymes se sont rendus ce vendredi 8 janvier, à la morgue du CHU Ignace Deen pour dire adieu à celui qu’ils appellent l’inconditionnel de l’UFDG. Certains tenaient des banderoles sur lesquelles on pouvait lire : ‘’ Hommage à Roger Bamba, l’immortel dans nos cœurs’’ ; ‘’Repose en paix, combattant, nous ne t’oublierons jamais ! ‘’. « Je me sens abattue. Je suis navrée, mais tout ce que je veux, c’est que Dieu rende justice à mon mari. Aujourd’hu, notre famille se porte mal, nous sommes tourmentés, personne ne sait quoi faire. Mais comme Dieu existe, nous attendons sa justice parce que nous ne croyons pas à la justice guinéenne ». marmonne son épouse, Bamba Christine Mami.

Roger Bamba a été interpellé début septembre au palais du peuple et placé en détention provisoire à l’hôtel cinq étoiles de Cona-cris. Mais les raisons de son interpellation sont restées pratiquement mystérieuses jusqu’à sa mort. Mohamed Bakary Keïta accuse le pouvoir Grimpeur : « A cause d’une publication, toute une machine de délation a été mise en branle pour le mettre aux arrêts. Qu’avait-il de subversif, de dangereux au point de perdre la vie ? On apprend qu’il a été appelé par l’un de ses supérieurs hiérarchiques…En prison, nous ne savions pas Roger malade. Il était en bonne santé avant son arrestation. Il ne se plaignait ni d’un mal de tête ni d’un mal de ventre. Ceux qui ont œuvré pour son arrestation doivent exulter d’avoir réussi à faire taire une voix discordante. Qu’ils sachent seulement que Roger a échappé à leur justice injuste, qu’il est parti là où la haine ne l’atteindra pas, où la sanction des méchants ne s’appliquera plus à lui ».

La Petite Cellule Dalein Diallo, lui, pleure un militant dévoué, mais aussi un fils sincère : « Roger est profondément humain, social qui s’est battu à nos côtés depuis 2010. Il a contribué à l’implantation de l’UFDG dans la région forestière. C’est une perte certes pour sa famille, son épouse, mais c’est une grande perte pour l’UFDG et pour notre pays. Ce n’est pas facile de trouver un homme aussi honnête, aussi sincère et dévoué…Roger Bamba, c’est le fils de Hadja Halimatou Dalein, c’est le fils de Cellou Dalein, c’est un frère de tous les militants de l’UFDG ».

Le prési de l’UFDG qui garde toujours en travers de la gorge la manière dont Roger Bamba a été jeté en prison, réitère que son ami a été écroué : « sans aucun motif valable. C’est à cause de la haine et de l’obstination de neutraliser l’UFDG qu’il a été arrêté. Le pouvoir veut neutraliser l’UFDG, et nous sommes tous menacés, alors qu’on n’a rien fait. Personne ne sait exactement pourquoi Roger Bamba a été arrêté. Mais c’est parce qu’il est militant actif de l’UFDG, parce qu’il  est un soldat incorruptible. Roger est mort par manque de soins ».               

Né le 30 août 1980 à Lola, Roger Bamba laisse derrière lui une veuve et 3 enfants.  Il sera enterré le dimanche 10 janvier dans la préfecture de Lola. Ce militant de l’UFDG est mort en détention dans la nuit du 17 décembre 2020.

Yacine Diallo