Le 27 mars, Maitre Alpha Yaya Dramé, avocat des victimes de déguerpissement de Kaporo Rails, Kipé 2 et Dimesse, a animé une conférence de presse pour expliquer l’évolution de la plainte contre l’Etat guinéen à la Cour de justice de la CEDEAO. L’avocat a longuement expliqué comment selon la loi, l’Etat peut exproprier le domaine d’un citoyen. Mais comme nos autorités s’en foutent, elles cassent les maisons, les baraques et autres lieux au nom de la récupération des domaines de l’Etat. Personne n’est ménagé encore moins indemnisé. Pire, c’est après la casse qu’on annonce une fausse indemnisation.

L’avocat a indiqué qu’il a fait une demande rarement utilisée pour saisir la Cour, notamment le transport judiciaire sur le site pour que les juges viennent constater l’étendue des dégâts, une demande de comparution à titre de témoin du Président de la République Alpha Condé « Cela parait surprenant pour un citoyen guinéen qui ne connait que l’injustice, qui n’a subi que cela depuis l’indépendance que le président de la république soit cité à témoigner sur des propos qu’il a tenus. Le président de la République sur les ondes de la RTG en 2016 a formellement affirmé que les habitants de Kaporo Rails sont les propriétaires de leurs biens. Que ceux qui avaient été déguerpis en 1997 et 1998 l’avaient été injustement et que pendant son règne, si l’Etat doit exproprier, il indemnisera le propriétaire préalablement ». L’avocat dit avoir fouillé dans les archives françaises pour savoir si Kaporo Rails était un bien de l’Etat au temps colonial, il n’en était rien. Il se demande quand est ce que ce domaine avait été désigné comme étant domaine de l’Etat.

Alpha Yaya Dramé met en garde la société Orange Guinée, l’ambassade de Turquie et quelques sociétés chinoises qui auraient acquis des domaines à Kaporo rails. Pour la Turquie, l’avocat promet de saisir la Cour Européenne des droits de l’Homme s’il s’avère vrai que l’ambassade de Turquie a acquis un domaine là-bas. Parce que la Turquie est signataire de la convention des droits de l’Homme. Cette Cour pourrait demander la suspension éventuelle de l’achat. « Parce que c’est un terrain litigieux. Personne ne peut être présumé propriétaire à part ceux qui étaient propriétaires. C’est celui qui possède qu’on considère comme propriétaire jusqu’à ce que celui qui n’était pas là démontre qu’il est propriétaire. J’attire l’attention d’Orange qu’elle est une très grande entreprise qu’elle ne peut pas se rendre complice d’une violation de la loi fondamentale. La Guinée est très grande, il y a de nombreux endroits où Orange peut s’installer. Elle peut patienter le temps que la Cour de la CEDEAO se prononce sur la question de savoir qui est propriétaire. Mais si Orange Guinée, l’ambassade de Turquie ou les sociétés minières s’installent, qu’ils sachent que c’est un terrain litigieux. Il est plus probable que les habitants récupèrent leurs domaines, que récupérer l’argent que ces sociétés ont versé dans les caisses de l’Etat. Toute personne respectueuse d’elle-même, respectueuse de sa moralité, respectueuse de la loi ne peut acheter un bien pour lequel deux personnes se battent. A moins que vous souhaitiez vous rendre complice de la violation de la loi ».

Ibn Adama