Contrarié par une descente musclée au siège de la MAMRI à Sandervalia (Kaloum), le PM Don Kass a été donné pour démissionnaire par les rumeurs de Cona-cris en ce mois de poisson d’avril. Sauf qu’en Guinée, les démissionnaires ne courent pas les rues.

Avril est réputé être le mois des farces. Cona-cris a grouillé de rumeurs ces jours-ci à propos d’une prétendue démission du locataire du Palais de la Colombe, son excellence Don Kass. Il aurait piqué une colère noire après la fermeture à double tour du siège de la MAMRI (Mission d’appui à la mobilisation des ressources internes), à Sandervalia (Kaloum), par des bérets aux yeux rouges. Cette descente musclée aurait été précédée d’une mission d’inspection, commanditée par on ne sait qui, à la recherche d’une misère de 15 millions de dollars de la Banque africaine de développement (BAD). Fin…des rumeurs.

Les faits. Créée en 2019 par décret de Alpha Grimpeur et précédemment placée sous la tutelle de la Primature, la Mission d’appui à la mobilisation des ressources internes est chargée de porter le ratio recettes internes/PIB à 20%, dans un délai de trois à quatre ans. L’atteinte de ce pari passe par une meilleure mobilisation et sécurisation des ressources (fiscales et non fiscales) à travers la digitalisation du processus de collecte.

De nombreux partenaires techniques et financiers appuient les autorités guinéennes, dont la BAD qui s’est engagée à hauteur de 15 millions de dollars. Cependant, seul le décaissement de la première tranche de 3, 2 millions de dollars a été pour le moment approuvé. Et il serait inconcevable que du cash soit remis main à main dans le cadre du financement d’un projet dont la mission est justement de mettre fin à la circulation de la liquidité, pour stopper les détournements. La contribution de l’AFD estimée entre 10 et 15 millions d’euros par exemple sert à rémunérer directement (sans intermédiaire) les prestations d’Expertise France, qui s’occupe de la maîtrise d’ouvrage. Reste à savoir si l’équipe d’inspection ou les rumeurs le savent…

Par ailleurs, que le PM Don Kass soit fâché, il y aurait de quoi : depuis le 25 février, un décret présidentiel a ramené la MAMRI sous l’autorité du Prési Alpha Grimpeur. Une responsabilité de moins pour notre Premier ministre qui n’est chef du gouvernement que de nom, avec en face, un patron qui ne délègue rien. Cela suffirait-il pour autant à faire partir Don Kass ? « Ce n’est pas vrai », confie un membre du gouvernement proche de la Présidence.

Du compte-rendu du conseil des ministres du jeudi 1er avril dressé par le porte-voix du gouvernement Zagamort (ou vif) Sylla, il ressort que le locataire du Palais de la Colombe songe plutôt à son agenda de la semaine. « Monsieur le Premier ministre a informé le Conseil de la date convenue avec le Parlement pour la présentation du Discours de politique générale du gouvernement devant la représentation nationale. Les ministres ont été invités à prendre les dispositions nécessaires pour y prendre part, le mercredi 7 avril prochain, à partir de 10h, afin de répondre avec le Chef du Gouvernement aux questions attendues des députés ».

Une telle planification n’est pas une lettre de démission. Même si en Guinée, les démissions sont souvent difficiles à prendre. Ceux qui veulent s’en aller surprennent généralement Alpha Grimpeur, en le mettant devant les faits accomplis. Ce fut le cas des ministres Chèque Sako (Justice), Abdoulaye Yéro Ta-Baldé (Enseignement supérieur) et dans une certaine morsure Moutard Diallo (Jeunesse). La plupart des hésitants dont la rumeur a précédé la démission ont attendu d’être remerciés : Christian Show (Justice), Alhousseiny Makanéra Caquet (Communication)…Ne nous faites pas dire que son excellence Don Kass connaîtra le même sort !

DL