Le manque de fiabilité de l’électricité a un impact négatif sur les finances publiques, notamment la mobilisation des recettes fiscales, selon une étude de la Banque Mondiale. Le manque de courant réduit les attitudes de conformité fiscale des citoyens et diminue les recettes fiscales.

Selon le doc, la fourniture d’électricité fiable permet aux pouvoirs publics des pays en développement de mobiliser des recettes fiscales utiles au développement. «Le raccordement au réseau peut être le signe de l’engagement des pouvoirs publics en faveur de la fourniture d’infrastructures et de services sociaux et renforcer ainsi le sentiment d’un pacte fiscal implicite entre les citoyens et l’État. Le manque d’accès à ces infrastructures sociales peut engendrer des mouvements de protestation prenant la forme d’un refus de payer des impôts à l’État, parce que les citoyens jugent celui-ci incapable d’honorer le pacte fiscal».

Des services de mauvaise qualité avec des pannes et des baisses de tension peuvent être considérés comme une preuve de l’incompétence des pouvoirs publics, note le document. «La fourniture de biens publics peut inciter les citoyens à afficher des attitudes positives à l’égard de leurs obligations fiscales». Même que l’impact de la fiabilité de l’électricité sur la fiscalité peut se manifester sous deux formes : l’effet sur l’incitation des citoyens à payer leurs impôts ; et les pertes de recettes fiscales dues à la perte de production causée par les pannes d’électricité dans les secteurs productifs de l’économie (principalement l’industrie).

Preuve par deux

Selon l’étude, les coupures de courant diminuent la rentabilité des entreprises, réduisant ainsi les impôts payés ; et les irrégularités dans la fourniture augmentent le coût escompté des affaires et entravent la création de nouvelles entreprises, freinant ainsi l’élargissement de l’assiette fiscale.

Une simulation a révélé, selon l’étude, que les économies africaines pourraient réaliser des gains substantiels de recettes fiscales en fournissant de manière fiable l’électricité du réseau. En moyenne, « la simulation révèle que l’Angola, le Ghana, le Kenya, le Nigeria et l’Afrique du Sud sont potentiellement les plus gros gagnants, avec une augmentation de leurs recettes fiscales totales de plus de 300 millions USD par an. Si ces estimations sont exprimées par rapport au total des recettes fiscales, l’Angola (15,1%), la République du Congo (8,9%), le Nigeria (6,8%), le Gabon (6,3%) et le Mali (5,1%) se classent en tête des gagnants potentiels».

À titre de comparaison, en Guinée par exemple, la part de l’électricité dans les recettes fiscales est de  0,4% en 2018. C’est le deuxième plus faible taux en Afrique après la Namibie qui gagne 0,003%. L’Angola est le pays qui gagne le plus avec 15,1%.

Oumar Tély Diallo