Depuis l’apparition du Covid-19 en Guinée le 12 mars 2020, les acteurs du secteur culturel tirent le diable par la queue, suite à la suspension de leurs activités. Ne bénéficiant d’aucune assistance, ces hommes et femmes ne cessent de demander une assistance à l’État. Ibrahim C, président de la Fédération des entreprises culturelles et économiques de Guinée (FECEG), dans une interview chez nos con(.)frères de guinee7.com, déplore la suspension de toutes les activités culturelles par le goubernement guinéen.

A l’en croire, cette décision les impacte sérieusement. «C’est la catastrophe ! Cela fait deux ans que nous sommes dans cette situation, cela impacte dangereusement nos activités. Cela menace même notre survie. Je pense que si on n’y prend garde, bientôt de nombreuses entreprises mettront la clé sous le paillasson. Il y en a déjà qui l’ont fait. C’est ce qui est à craindre. Il va y avoir de nombreuses entreprises culturelles qui seront dans une situation intenable. »

Il accuse le goubernement de n’avoir fait aucun effort depuis l’apparition de cette pandémie. «Oui ! Nous sommes au bord du précipice. Je reçois de nombreux patrons d’entreprises ici à mon bureau, qui viennent, on va dire, entre guillemets, pleurer sur leur sort. D’autant plus que le gouvernement, jusqu’à présent, n’a engagé aucune aide en notre faveur. C’est très difficile.»

L’Agence Guinéenne des Spectacles vient de rappeler la mesure d’interdiction des spectacles avec un peu de fermeté. Cet opérateur culturel estime qu’il n’y trouve rien de nouveau. «Il n’y a rien strictement, rien de nouveau. La note qu’a signée la directrice de l’AGS est une note interne qui a certainement fuité. C’est une note qui rappelle à ses démembrements l’obligation pour eux de veiller à l’application d’une décision qui a déjà été prise depuis mars 2020».

Selon Ibrahima C, certes qu’on face à une pandémie, qu’il est encore vrai que nos autorités ont pour souci premier de préserver la santé des populations, mais il déplore que cette interdiction soit partielle. Parce qu’à, dit-il, les membres du goubernement tiennent régulièrement leurs activités, malgré le Covid-19. «Cette interdiction devrait s’appliquer à toutes les activités. Nous faisons partie de cette population, mais ce qui est quand-même étonnant ou paradoxal, c’est qu’au Mali, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, les événements se tiennent. En Côte d’Ivoire, il y a plus de 25 millions de personnes. En Guinée on est autour de 11, 12 millions d’habitants. Il y a des spectacles en Côte d’Ivoire, il y en a aussi au Sénégal, et nous sommes dans la même zone. Je peux vous assurer qu’en regardant les chiffres, il y a plus de contaminés en Côte d’Ivoire et au Sénégal qu’en Guinée. Mais ces pays sont arrivés à autoriser les entreprises culturelles à travailler», souligne l’opérateur culturel.

Il pense qu’avec une bonne organisation et une bonne volonté, on pourrait faire en sorte que ces activités reprennent dans notre bled. «Je pense que c’est possible. Il faut simplement s’organiser. Mais au-delà, nous demandons humblement à l’État de nous venir en aide, vu les difficultés que nous traversons depuis près de deux ans maintenant. Au-delà des soi-disant remboursements, de créer un vrai fonds de développement pour nos entreprises culturelles. Si ces entreprises-là meurent, je me demande que va devenir la culture de notre pays », s’interroge-t-il.

Kadiatou Diallo