Alpha Condé ne se fixera donc jamais une limite dans son mépris du Guinéen et dans sa furieuse volonté de détruire ce pays. On pensait qu’avec la libération même toute conditionnelle de Chérif Bah, Ousmane Gaoual, Cellou Baldé et Abdoulaye Bah, notre président-professeur avait choisi sinon de rétropédaler, du moins de marquer une pause dans sa folie répressive. Mais non, les charrettes des innocents continuent de fournir « l’Hôtel Cinq Etoile » de Coronthie en bagnards ou plutôt en chair à moustiques. Mais que d’autre que l’arrogance, la cruauté, la rancœur et l’aveuglement, attendre du locataire de Sékoutoureyah ?

Pour avoir simplement affirmé ce que le monde entier sait : à savoir que c’est Cellou Dalein Diallo qui a gagné la dernière élection présidentielle et peut-être bien, celles qui l’ont précédée aussi, Abdoulaye Bah est revenu à la case départ, sa cellule humide et crevassée, infestée de cafards et de rats. Il a repris ses longues diètes entrecoupées de poignées de riz « sakkarba » et de gorgées d’eau boueuse. A en croire certains organes de presse, on l’aurait soumis à un isolement total, lui dont l’état de santé physique et morale est plus que préoccupante.

 Voilà plus d’un an que le lion du FNDC, Oumar Sylla alias Foniké Mengué, gigote derrière les barreaux. Aux dernières nouvelles, il serait hospitalisé comme d’autres avant-lui à Ignace Deen.  Et sa femme risque de patienter encore longtemps puisque notre inénarrable « Justice » l’a condamné à trois ans de prison sur la base des accusations les plus fallacieuses, comme à son habitude. Ancien taulard lui- même,  Alpha Condé sait que la civière demeure la seule et unique échappatoire de l’enfer de Coronthie : soit pour l’hôpital soit pour la tombe.  Pour rien au monde,  nous ne le laisserons dire qu’il ne sait pas ce qu’il fait. L’Histoire le désignera comme le responsable à part entière du bilan macabre de ses geôles.  

Mon ami Etienne Soropogui quant à lui,  n’a encore bénéficié ni d’une libération conditionnelle ni d’un pseudo-jugement. Gravement malade, il  végète comme Foniké Mengué dans un sordide lit d’hôpital. Je sais qu’il ne gémira pas, qu’il ne pleurera pas, qu’il ne priera personne. Etienne Soropogui restera, dans la mémoire des générations futures, celui qui a formulé cette phrase digne d’un Césaire ou d’un  Mongo Béti, et que l’on devrait inscrire au fronton de nos collèges et lycées : «En Guinée, la place des hommes dignes, c’est la prison.»

Tiens bon, homme digne, le peuple est derrière toi !

Mais le cas le plus scandaleux, le plus typique du cynisme des gens qui nous gouvernent est celui de Sorya Bangoura. Le fédéral de l’UFDG et ancien maire-adjoint de Matam a été arrêté le 7 août dernier pour soit-disant avoir ouvert son hôtel au-delà de 22 h, l’heure du couvre-feu sanitaire que le gouvernement a fixée en raison du Coronavirus. Question : Alpha Condé arrête-il les gens pour préserver la santé des Guinéens ou pour réprimer ses adversaires ? S’il n’était pas un opposant notoire à la dictature qui nous saigne, Sorya Bangoura n’aurait certainement rien eu à craindre.   J’apprends avec une infinie tristesse que la mère de notre brave compatriote n’a pas supporté l’arrestation de son fils : le chagrin l’a emportée. Alpha Condé lui permettra-t-il d’assister à l’enterrement ? Rien n’est moins sûr.

A vous tous, braves lions de Guinée, que vous soyez à Coronthie ou à Ignace Deen, ou déjà dans vos tombes, nous vous disons tous merci ! C’est pour nous que vous souffrez, c’est pour nous que  vous risquez vos vies !

Tierno Monénembo