Depuis la prise du pouvoir par les putschistes le 5 septembre dernier, le lieutenant-colonel Mamadi Doumbouya ne cesse de lancer un signal fort en direction de la gent féminine. La lieutenant-colonel Aminata Diallo est désignée porte-parole du CNRD, une première en Guinée. Le premier décret de la junte a nommé aussi la générale M’Mahawa Sylla, gouverneure de Conakry, ce qui a réjoui aussi les Guinéennes.

Après ses deux actes forts, Mme M’Balou Fofana, juriste et fondatrice de la coopérative «Fabrique à Kindia » souhaite que le nouvel homme fort du pays, renforce cet élan en nommant une femme à la tête de la Primature, pour faciliter le développement de la Guinée, non seulement sur le plan national, mais aussi sur le plan international. «Aujourd’hui, les Nations Unies et toutes les institutions du monde prônent la parité, que les femmes occupent des postes de décision. Nous sommes en transition, tout le monde sait combien de fois notre pays est déchiré, combien de fois notre tissu social est laminé. Qui mieux qu’une femme peut tisser des liens, ouvrir le dialogue et faire la paix dans ce pays, c’est nous les femmes. Les premières alliances dans les familles, ce sont les femmes. Nous allons partout, nous nous marions partout, que ce soit en Guinée ou à l’extérieur. Donc, ce sont les femmes aujourd’hui qui peuvent ressouder le tissu social de notre pays ». Dame Fofana rassure argumente : « Voyez le Rwanda, il y a onze femmes ministres face à neuf hommes. Et c’est un pays envié par tout le monde aujourd’hui et les guinéennes n’ont jamais été en reste. Nous avons notre grande Jeanne Martin Cissé, qui a marqué les époques à l’époque où on ne pensait pas nommer des femmes, au Conseil de sécurité des Nations Unies. Donc la Guinéenne a toujours prouvé qu’elle est capable ».

«Nous sommes entrain de faire un lobbying et des plaidoyers très forts pour qu’il y ait une femme à la primature et nous lançons un message, afin que cela soit soutenu et entendu par non seulement l’équipe du colonel Doumbouya, mais aussi à toute la gent masculine ; par ce que nous allons travailler avec vous. Nous n’allons pas exclure les hommes, nous voulons travailler de sorte que la différence soit marquante et qu’on sache qu’il y a un changement en Guinée (…)»

Le portait de la femme

La Première ministre sur le plan des compétences, ne sera pas différente d’un homme Premier ministre. « Nous ne voulons pas d’une femme Première ministre, parce qu’uniquement elle est une femme. Nous amenons une femme compétente pour que les hommes l’acceptent et nous amenons celle qui peut mieux incarner le leadership», souhaite-t-elle.

Pour une transition apaisée, Mme M’Balou Fofana souhaite qu’une femme qui a de la compétence technique, qui rassure mais aussi qui rassemble pour mieux faire le travail et choisir les bonnes personnes avec qui elle pourra bien travailler. « Donc, il n’est pas nécessaire qu’elle soit mûre en politique. L’expérience, oui mais, avoir cette expérience ne veut pas dire qu’on soit mûre en politique. On ne peut pas venir devant un chef avec un nom et lui dire c’est celui là nous voulons. Ça ne se fait pas, on donne toujours le choix au chef. Nous donnerons au président Doumbouya, les noms de celles qu’on estime aptes à faire le travail et c’est à travers cette liste qu’il choisira la Première ministre. Nous n’imposerons aucune femme au président Doumbouya (…) »

Un gouvernement de transition est un gouvernement de mission, et non un gouvernement de développement. La mission du futur Premier ministre sera de rassurer, de rassembler les Guinéens, de bâtir des institutions fortes qui vont nous permettre de sortir, après cette transition, un fichier électoral propre après un recensement de la population guinéenne et à l’intérieur et à l’extérieur.

Kadiatou Diallo