Ousmane Gaoual Diallo hier emprisonné par l’ex-Président Alpha Condé est celui qui parle de celui-ci aujourd’hui. Quelle leçon de vie !

Invité ce mardi 30 novembre, dans l’émission « Mirador » sur FIM FM, le porte-parole du gouvernement de la Transition et ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat, Ousmane Gaoual Diallo, a commencé par déplorer la situation dans laquelle vit l’ancien Président dont le sort relèverait, selon lui, de la justice guinéenne. « Le porte-parole indique juste la position du gouvernement sur la situation. Mais s’il y a un sort à lui réserver, ce sera à la justice d’en parler. Ce n’est pas à un porte-parole », a entamé le ministre.

La décision de déplacer Alpha Condé du Palais Mohamed 5 vers la résidence de sa femme à Landréah est-il un signal à la CEDEAO qui insiste qu’on le libère ? Ousmane Gaoual dit que c’est en direction de notre communauté nationale d’abord, parce que, dit-il, « le CNRD, lorsqu’il a pris le pouvoir, a indiqué clairement que la justice sera la boussole de sa gouvernance. Et donc, il ne peut pas déclarer cela comme un principe de gouvernance et faire le contraire. C’est tout à fait en conformité avec cette déclaration du président du CNRD et on essaye d’être dans la mesure du possible d’être dans l’esprit de cette déclaration. Donc, c’est dans ce cadre-là que la décision a été prise, parce qu’il n’est à ce jour inculpé de quoi que ce soit, de lui permettre de vivre normalement, si un ancien Président peut vivre normalement ». A en croire le porte-parole du gouvernement, un ancien président ne peut pas vivre normalement à cause des contraintes de sécurité et autres. Mais il rassure tout de même que toutes les dispositions seront prises pour assurer sa sécurité. « Mais là, il n’y a pas d’équivoque. Même en temps normal, un Président ne peut pas recevoir tout le monde, il reçoit des gens qu’il a choisis de recevoir et dans la limite de ce que lui-même peut faire. Et s’il y a des contraintes, c’est à la justice de les poser. A ce jour, il n’y a pas de contraintes particulières en dehors de ce que la sécurité autorise, de ce que la préservation de l’intégrité autorise et de ce que la préservation de sa santé autorise ».

Il poursuit : « Il y a eu un moment où des gens de son parti ont essayé de le joindre, mais Alpha Condé lui-même a refusé de les rencontrer. Est-ce que ce sont les soutiens qui décident de le rencontrer ou c’est lui qui veut les rencontrer. Il rencontre qui il veut et à ses conditions. Nous sommes dans un système où on veut rassurer les Guinéens sur les dispositions des autorités actuelles à garantir la sécurité et surtout à respecter les droits de chacun d’entre nous. Et cela, c’est fondamental. C’est quand-même une première fois que cela arrive dans notre pays, je pense que c’est salutaire. Ce n’est pas courant que ce qui arrive en Guinée arrive en Afrique et que les libertés de chacun des anciens membres du système soient respectées. Il faut quand-même se féliciter de cette avancée du respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales ».

Des responsables du RPG Arc-en-ciel crient sur tous les toits d’avoir adressé des courriers au CNRD en vue de la libération d’Alpha Condé en plus de l’insistance de la CEDEAO. Est-ce finalement une réponse aux deux intervenants, qui en ont fait un point non négociable ? Ousmane Gaoual tente de répondre : « Est-ce qu’essayer de lui garantir une certaine sécurité veut dire qu’il est prisonnier, puis qu’on demande la liberté pour les gens qui sont emprisonnés. Est-ce qu’ils parlent au nom d’Alpha ou en leurs noms ? Je pense qu’il faut rester non pas dans le sensationnel (…) Il y a eu des responsables qui ont voulu le rencontrer, mais il a dit non. Est-ce qu’Alpha les a mandatés pour parler en son nom ? Il faut que les gens respectent un peu tous ses paramètres là et qu’on ne sorte pas simplement pour dire ce qu’on a envie de dire, parce qu’effectivement, il est dans une situation donnée aujourd’hui. Peut-être qu’il ne rencontre pas ses anciens collaborateurs, mais il faut s’assurer que ce refus de rencontre vient de lui ou des autorités. Le mettre dans la résidence de son épouse aujourd’hui est quand même le gage qu’on le ramène dans sa famille, parce que là où il était, les gens estimaient qu’il était emprisonné. Donc, on le ramène dans sa famille, pour lui donner la sécurité nécessaire à son statut », clarifie Ousmane Gaoual Diallo.

Le ministre porte-parole du gouvernement conclut que le CNRD a indiqué qu’Alpha Condé n’était pas un prisonnier. « S’ils veulent comprendre dans ce déplacement vers sa résidence personnelle que c’est une réponse à cela, tant mieux. Mais dans tous les cas, la déclaration du CNRD est claire. Ce n’est pas le résultat d’une quelconque pression, parce que dès le début, ils ont indiqué qu’il n’était pas prisonnier. Il n’était pas emprisonné et je pense que c’est bien démontré qu’il n’est pas prisonnier, puisqu’il n’est pas inculpé à ce jour. Les Guinéens doivent savoir que s’il doit être prisonnier, ça sera à la suite d’une procédure judiciaire en bonne et due forme, qui garantit ses droits ».

Kadiatou Diallo