Aujourd’hui plus qu’hier, punir le Mali est à l’ordre du jour. Tout le monde semble s’accorder pour coincer les putschistes et leur peuple sonné par des présidents-dictateurs «démocratiquement élus.» La faute se révèle plus impardonnable au sein de la CEDEAO que partout ailleurs, notamment en Afrique Centrale, au Tchad, là le fils remplace le père et la dynastie politique n’a débité quoi que ce soit sur les coups  d’État.

Dans tout ce tohu-bohu, la Guinée du Colonel Doum-bouillant n’apparaît qu’en filigrane. Pour le moment. La bête noire, c’est Assimi Goïta du Mali, avec ses terroristes, ses divisions internes, ses mercenaires russes, ses troupes armées face aux populations civiles, ses coopérants  en uniforme de diverses nationalités. On n’hésite pas de mettre en exergue le coup de force perpétré contre le président Ibrahim Boubacar Kéita. Démocratiquement élu dans les conditions que l’on sait, IBK devrait être l’unique interlocuteur du syndicat des présidents- dictateurs qui composent la CEDEAO des États. Pour celle des peuples, vous voudrez bien revenir le 31 février prochain.

Il n’est peut-être pas établi  que le Mali et la Guinée soient deux pays qui respirent avec le même poumon, mais ils risquent de connaître le même sort parce qu’ils ont donné la même solution à des problèmes, des ententes tacites que l’on n’évoque guère. Les deux pays sont tombés sur des forces spéciales pour renverser des présidents prédateurs, très influents au sein de l’institution régionale. Malheureusement, ce travail de salubrité publique était visiblement hors de portée des forces ordinaires. Comme l’a dit Alfred Hitchcock, «si vous assassinez quelqu’un qui a déjà commis le suicide, vous mettez les services de documentation de la police mal à l’aise.» On voit mal la CEDEAO des prédateurs ouvrir à des présidents-éboueurs,ses salles de conférences bondées d’infatigables chefs producteurs d’ordures.

Comme la solution des uns est le problème des autres, il faut passer par la sanction. Eviter à tout prix la réussite des transitions. Imposer six mois pour tout bâcler. Faire absolument fi de l’amont des putschs pour n’en voir que l’aval. Le tripatouillage des constitutions est un acte ordinaire aux yeux des patrons de la CEDEAO. L’article 27 de celle du peuple de Septembre dit ceci «Le président de la république est élu au suffrage universel direct. La durée de son mandat est de cinq ans, renouvelable une fois. En aucun cas, nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels, consécutifs ou non. » Quand Alpha Condé est entré en rébellion pour passer outre les exigences de la constitution, le FNDC a récusé la délégation de la CEDEAO venues’enquérir des conditions du scrutin législatif et référendaire. «La question est derrière nous,» avait répondu la ministre ghanéenne des Affaires étrangères qui conduisait la mission. Le 5 Septembre 2021, les hommes du Colonel Doum-bouillant remettent la question au goût du jour. Les clameurs publiques étouffent les protestations à peine audibles de la CEDEAO. Mais Conakry attend. Bamako, c’est plus urgent.  Le pays perd le nord. Russes et Chinois resserrent les coudes. Wagner jubile. L’Occident affûte ses vielles armes. CEDEAO, UEMOA, vous avez encore le temps de tout bloquer, non ?

Diallo Souleymane