On peut bien dire du RPG arc-en-ciel qu’il est un miraculé, après la chute de son leader, le 5 septembre. Il a échappé à la décapitation et ses dirigeants ont continué, comme si de rien n’était, à bomber la poitrine. Les mesures timorées de la junte n’y ont rien fait. A cor et à cris, et sur tous les toits, ils n’ont point cessé d’exiger la liberté de leur mentor. On a fini par considérer cette bizarrerie comme une marque déposée du CNRD et un signe de solidité et de vitalité des Grimpereaux. Que nenni ! Ceux-ci viennent d’entrer en transe, gesticulant dans les sens, se balançant des éclats de bois vert et des piques. Voilà bien six mois que la vacance de pouvoir est constatée. L’appétit taraude le ventre des prétendants qui trépignent d’impatience. Et du côté du siège du parti, la rumeur en dénombre un certain nombre dont des militants de premières heures et ceux qui viennent tout juste d’ajouter la couleur de leurs partis à celles de l’arc-en-ciel. Les ambitions, la méfiance, la défiance sur fond de guéguerre couvent depuis belle lurette. L’âge du chef y incitait.

Le coup de Jarnac des Forces spéciales a ravivé les tensions et « l’exil » du chef à Abu-Dhabi les a débridés au point que les échos retentissent aux quatre coins du bled. Avec des aspects cocasses dont la logique échappe à toute grille de lecture conventionnelle. Don Kass jadis pupard devant l’éternel, n’ayant jamais publiquement ménagé le Grimpeur, est désigné par celui-ci pour diriger le parti et être probablement son candidat à la prochaine élection présidentielle. Où sont donc Mohamed Diané, Saloum Cissé, Dioumessi, Togba Traoré, pionniers et pivots du parti. Par quelle transparence passe Dama-ronron ? Comment et pourquoi ces mousquetaires d’Alpha Condé peuvent-ils être laissés en rade ? On est en politique et les politiciens comme les politicards ont leur raison que la raison ignore. On a entendu des responsables dire dans les réunions que le parti est transversal et que son leader exige que le prochain responsable ne soit plus Malinké. C’est dans cette perspective qu’il aurait, dit-on, porté son choix sur le Cas-Sorry. Mais de quoi donc s’offusquent les gens du fief du RPC. Ignorent-ils que l’enfant du Moriyah fait partie des oncles que leur boss s’est découvert sur le tard, en 2010 lors de la campagne électorale ? Même loin des régimes matriarcaux, les relations oncle-neveu ne sont jamais sans intérêt. Il faut dire qu’au second tour de la présidentielle en 2010, l’importance du vote de la Basse Guinée et de la Guinée Forestière en faveur du Grimpeur a distrait les observateurs et facilité le tripatouillage des résultats des urnes.

La manœuvre ressemble bel et bien à un retour d’ascenseur. Comme en pareille circonstance les langues se délient, on a aussi entendu gloser que le papi fâché avec les grimpereaux dont la torpeur et la timidité inhabituelles l’ont surpris et démoralisé, le 5 septembre, veut leur faire rendre gorge. Ils ont été marginalisés dans la formation du Conseil Exécutif Provisoire. Mais ont-ils dit leurs derniers maux ? Rien n’est moins sûr.

Abraham Kayoko Doré