Le 31 mars, les caciques du régime défunt se sont retrouvés dans un luxueux hôtel de Kaloum pour exécuter les décisions du congrès qu’Alpha Grimpeur a tenu tout seul au siège actuel du parti à Abu-Dhabi ! Cas-Sorry Faux-Fana a été couronné patron du conseil exécutif provisoire du RPG. De nombreuses voix se sont élevées, qui pour justifier des présences, qui pour fustiger des absences. Au nombre de ces voix, celle de Bantama Sow : « Vous ne pouvez pas parler de l’histoire du RPG arc-en-ciel sans parler de Tidjane Traoré, Hadja Nantou Chérif Konaté et Bantama Sow. Les gens que vous citez (Damaro et Diané), nous sommes plus anciens qu’eux dans l’histoire du parti. Nous sommes en démocratie. Et la démocratie, c’est la loi de la majorité. Une minorité ne peut pas rester à gauche et dire qu’elle va dominer la majorité qui est à droite… Je suis plus ancien que Diané dans le parti. Nous ne voulons pas rentrer dans les détails…»

La pédagogie de Bantama Sow est peut-être implacable, mais elle demande davantage d’explications pour permettre au militant lambda du parti de comprendre l’approche gérontocratique de M. Sow. En termes de postes de responsabilité au sein du RPG, l’ex- ministre du patrimoine historique est plus ancien que le périmé ministre d’État, chargé des affaires pestilentielles d’Alpha Condé. Après ses déboires avec Fory Coco, à l’issue de la série de grèves des étudiants, au début des années 90, Bantama s’est considérablement rapproché du Grimpeur pour apporter  son inestimable contribution à la tête de ce que certains appelaient « l’Organisation  des jeunes du RPG. » Même Sékou Souapé devait  connaître le rôle de taupe que le jeune Bantama jouait auprès « des partis adverses » notamment l’UNR, le PGP, et j’en passe. A l’époque, Dr. Mohamed Diané n’était responsable de …rien du tout. Il ne chômait pas non plus ».

D’un côté, il travaillait étroitement avec feu Malick Condé pour « implanter » le parti ; de l’autre, il assurait loyalement, assidument, la fonction d’agent de liaison entre certaines rédactions de la presse privée et le Président Directeur Général du RPG. Les journalistes à qui il arrivait d’aider Diané à pousser sa voiture à 4 heures du matin n’ignoraient pas que ce médecin politicard ne pesait pas lourd. Paradoxalement, quand il est devenu ministre de la Défense nationale quelques décennies plus tard, pousser une voiture à 4 heures du matin dans les rues de Cona-cris équivalait à une volonté de suicide. Insécurité oblige !

Malheureusement, la liste « des vrais anciens du RPG » telle qu’établie par Bantama est loin d’être la meilleure. A l’époque, il fallait au moins quatre signatures au dossier pour obtenir l’agrément d’un parti politique : un représentant pour chaque région naturelle : Haute-Guinée,  Basse-Guinée,  Moyenne-Guinée et Guinée-Forestière. Pour le cas spécifique du RPG, El Hadj Ibrahima Fofana avait signé pour la Haute-Guinée ; Mme Camara Makoto, pour la Basse-Guinée, Diallo Misbaou Koïn, pour la Moyenne-Guinée, Jean Soumahoro pour la Guinée-Forestière. Il a fallu ajouter le nom de huit autres personnalités originaires de ces régions, « au cas où….» Bantama aurait dû compléter sa liste avec ces membres-fondateurs. La plupart sont encore-là. Même s’ils se sont mués en frondeurs et, finalement « traitres ! »  On n’y peut rien. La vérité « historique » est dure à cuir.

Diallo Souleymane