Le sentiment anti-français gagne du terrain en Afrique, pour faire barrage aux intérêts français en Afrique. L’IFRI, (Institut français des relations internationales) a publié une étude selon laquelle les intérêts économiques français en Afrique, contrairement à l’idée reçue, représentent moins de 5% du commerce extérieur français, et l’Afrique subsaharienne seulement 2%.

Intitulé : « Après Barkhane : repenser la posture stratégique française en Afrique de l’Ouest », cette étude explique les erreurs stratégiques de la France et qu’il faut compenser. Elie Tenenbaum, directeur du Centre des études de sécurité de l’Ifri explique que la France a une dynamique stratégique qui produit le « contraire de ce qu’elle était censée produire ». Elle a cherché à faire du « partenariat », elle a produit de la « friction, notamment avec le Mali». Elle a cherché à endiguer la dégradation sécuritaire, elle n’y est pas parvenue. Elle a cherché à «préserver les intérêts de la France et on a un sentiment antifrançais exacerbé ».

Des intérêts économiques limités et contestés

Sur le plan économique, selon l’étude, les intérêts français sont assez contrastés. La part de marché tenue par la France sur le continent africain a rapidement décliné, « passant de 15 à 7,5 % entre 2000 et 2020». Ce phénomène témoigne des difficultés pour la France à saisir les vastes opportunités de croissance en Afrique, dont se sont, en revanche, emparés de nouveaux concurrents.

«La Chine se tient en tête avec plus de 27% des parts de marché sur le continent qui se combinent à plus de 80 milliards de dollars d’investissements directs et 150 milliards de dollars accordés en prêts depuis une vingtaine d’années. L’Inde tient une place encore discrète mais grandissante. La Turquie est également très présente grâce à une offre alternative à la Chine en matière d’infrastructures de base, mais aussi de produits de consommation bon marché ainsi que d’éducation privée – avec la récupération du réseau des écoles Gülen».

Les pays occidentaux jouent aussi un rôle : l’Allemagne est depuis plusieurs années au coude-à-coude avec la France dans la pénétration du marché africain et les Pays-Bas ont dépassé cette dernière en matière d’investissements directs. 

Que gagne réellement la France ?

« Contrairement à une idée reçue, l’Afrique représente moins de 5% du commerce extérieur français, et l’Afrique subsaharienne seulement 2%. La part de la zone CFA y est encore plus réduite avec seulement 4,7 milliards d’euros d’exportations (moins de 1% de l’ensemble) et

1,7 milliards d’euros d’importations (0,3%) pour les 14 pays francophones d’Afrique de l’Ouest et centrale ».

Enfin, il faut rappeler que ce commerce se concentre principalement sur le littoral du Golfe de Guinée, avec des positions importantes au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Sénégal tandis que le Sahel y apparaît marginal.

Dans le domaine extractif, souvent pointé du doigt, la dépendance de la France y est toute relative : l’uranium nigérien y représente désormais moins d’un tiers des besoins nationaux et le pétrole – qui provient majoritairement du Nigeria et d’Angola, seulement environ 15% de ses approvisionnements, tandis que le marché gabonais a été largement délaissé.

La France est par ailleurs faiblement impliquée dans d’autres industries extractives comme les métaux, les métaux précieux et les pierres à quelques exceptions près comme les chantiers Eramet dans le manganèse et les sables minéralisés au Gabon et au Sénégal. Ainsi, l’intérêt économique de la France pour l’Afrique de l’Ouest relève avant tout de l’exploitation de positions anciennes de quelques grandes sociétés multinationales au premier rang desquelles TotalEnergies, Bolloré, Orange et Orano.

Lire étude complète sur : https://www.ifri.org/fr/publications/etudes-de-lifri/focus-strategique/apres-barkhane-repenser-posture-strategique-francaise?fbclid=IwAR2hTkJ2kFHgqj0mBU8mCEVm1B2vs-n0R8uBDXYziFP_MBZ5NB0eBIcIhno

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