A n’en pas  douter,  notre classe politique emprunte, plus souvent  qu’à son tour, des raccourcis qui m’embrouillent. Certes, des éclaircies ponctuelles arrivent à surgir sur les divers chemins tout tortueux de  ceux qui se battent qui se battent pour se hisser au sommet de l’État, mais force est d’avouer que le nombre d’embûches autour du fauteuil présidentiel est de nature à donner le tournis au citoyen lambda.

Jusqu’à preuve du contraire, le 5 septembre ne peut pas ne pas se qualifier d’éclaircie, qui a mis fin au règne sans partage d’un despote sans attache familiale, venu instaurer en Guinée la démocratie et l’État de droit, tous deux transformés en cheval de Troie pour les besoins d’une dictature des plus sanguinaires. In nominé, la contradiction ne pouvait qu’emporter l’architecte machiavélique du Grimpeur. Arrivent Mamadi Doumbouya et la liberté ;  le CNRD et sa charte ; les promesses et les  appétits ; les sourires et les applaudissements. La praxis de Marx suivait d’un pas grave, pour parler comme le vrai professeur, feu Djibril Tamsir Niane.

Passée la période d’euphorie et de grâce, chacun prend son raccourci. Tout le monde  regarde vers la même direction, celle de la télévision et ses décrets. Les groupes de pression, les lobbies et les clans finissent par remonter à la surface. Les chemins de traverse se diversifient ; le silence s’épaissit sur les vrais  objectifs des nouvelles autorités. Au niveau de chaque entité géopolitique, les  objectifs se précisent. Finalement, la logique qui y perd son latin ; la morale et le bon sens y laissent  toute leur récolte. L’amnésie reprend ses droits. Seules valeurs partagées : le fauteuil présidentiel.et sa proximité. Il faut y parvenir à tout prix.

Le CNRD pose des actes, plus que salutaires pour certains, plus que contestables pour d’autres. Il récupère les biens de l’État avec une méthode si barbare, si sélective que le peuple semble ne plus se reconnaître dans la jouissance de ses biens. Les prédateurs les plus canailles passent entre les mailles du filet. C’est à peine si le phénomène de la corruption, jadis endémique,  a pu montrer quelques signes de fatigue. Il s’en est fallu de peu que  l’acte historique du 5 septembre ne trouve sa place dans l’oubli. Les partis politiques battent des records dans la recherche effrénée de compromis, que l’on confond  souvent avec la compromission. N’est-ce pas Mamadi Doumbouya qui a libéré le siège de l’UFDG à Hamdallaye pour que des militants, pourchassés hier par les FDS et les radicaux du pouvoir d’alors s’y retrouvent  en vue de former la future coalition anti-CRND ? Il est de notoriété publique que jusqu’au 4 septembre 2021, les relations les plus naturelles entre les militants du parti au pouvoir et ceux de l’opposition bruissaient de délation et de chasse à l’homme. Les  nouveaux alliés contre la junte s’en voulaient à mort.  Il est inadmissible que dure une lune de miel entre ceux-là  dont l’objectif  primordial est de vous envoyer au ciel. Avec des gaz lacrymogènes en guise d’adieu ! Ce n’est point l’apologie de la haine, mais la ligne rouge de la morale.

Avec le temps, Mamadi Doum-bouillant et le CNRD nous diront si l’alliance RPG-UFDG est contre nature. En arrivant au pouvoir en compagnie  de leur charte, ils avaient juré d’en partir haut la main. Pourquoi alors tout ce tintamarre à l’intérieur du pays pour un conseil des ministres délocalisé. Tenu à Cona-cris, ce conseil aurait craché une note moins salée. Le premier ministre aurait certainement conseillé à la jeunesse de mieux vivre, non de  mourir. Même pour elle-même !

Diallo Souleymane