Le Féanfiste anti-néocolonialiste et anti-impérialiste devenu président oppresseur du Lumpun prolétariat, a contraint à l’exil nombre des membres du FNDC qui sont revenus au bercail après le coup de force du Colonel Doum-Bouillant qu’ils ont donc dû, à leur corps défendant, aduler et adouber. Mais le flirt  a fait long feu. Durant un long moment, les deux protagonistes se sont observés, épiés, jaugés et regardés en chiens de faïence. Ils se sont distribué des piques, des éclats de bois vert. Le 23 juin, ils en  découdraient n’eussent été les vertus de l’arbre à palabres africain. Ouf, on a eu très chaud ! Pourquoi cette frivolité ?

Chaque cocu a sa lecture de la mésentente. Le CNRD reproche au FNDC un déficit notoire de gratitude alors que celui-ci dénonce la propension de celui-là à  conduire de façon solitaire  la Transition. Foniké Mangué et ses amis ne sont pas en mal de  d’acrimonies. La première velléité de la gestion solitaire de la Transition s’est traduite par l’élaboration quasiment en catimini de la Charte. Alors qu’elle a force de Loi fondamentale, peu de citoyens peuvent vous parler de sa génèse.  Entre papoter avec les populations çà et là, à travers le pays et produire un document juridique, il y a un petit bout de sentier qu’i ne faut pas subrepticement enjamber. Ensuite, il y a la composition du Conseil National de la Transition(CNT).

S’il est exact que les acteurs sociaux et politiques n’ont pas pu proposer  au CNRD une clef de répartition consensuelle des 81 sièges du CNT, force est d’admettre que les formations politiques n‘ont  eu qu’une portion congrue en obtenant 15 sièges. Le reste a glissé dans  l’escarcelle de la société civile (ONG, syndicats, organisations socioprofessionnelles), atomisée en mille et un fragments. Un autre point d’achoppement est bel et bien la durée de la Transition que le CNRD a unilatéralement fixée à trente-deux mois. Au grand dam de la masse critique des acteurs sociaux et politiques parmi lesquels, naturellement, le FNDC dont l’ire a davantage crû. Que de couleuvres avalées ! Mais il y en a une qui ne passe pas. Elle est simplement, carrément régurgitée. Ce n’est pas toujours avec aisance qu’on franchit le Rubicon ! La violation des droits individuels et collectifs, à travers l’interdiction des manifestations de rue tout le long de la période  transitoire, a emporté les lambeaux du capital de confiance qui persistent entre la Junte et le FNDC.

Ce pied de nez, les Foniké Mangué, Sékou Koudouno, Ibrahima Diallo,….n’en ont cure. Ils y ont répondu par la défiance, l’outrage. Comme le berger à la bergère, ils agitent un mot d’ordre de marche contre l’interdiction des manifestations de rue. Les formations politiques d’envergure telles que l’UFDG et l’UFR leur témoignent leur sympathie et les rassurent de battre le pavé à   leurs côtés. La perspective d’une marée humaine dans la rue a sans doute tiédit l’ardeur des Colonels et facilité la médiation à laquelle a participé du beau monde. Le drame craint le jeudi 23 juin a été reporté et non enseveli. Le CNRD peut-il apporter une réponse satisfaisante aux revendications des acteurs sociaux et politiques, relatives notamment  à la mise d’un cadre de dialogue inclusif, et portées par le FNDC ? Qui vivra, verra !

Abraham Kayoko Doré