Thierno Mamadou Diallo a été tué par balle à Hamdallaye « alors qu’il ne manifestait même pas ».

La première victime des manifestations de rue sous l’ère CNRD vient d’être enregistrée. Au lendemain de l’augmentation du prix du car-brûlant à la pompe, des échauffourées ont éclaté dans la matinée du 1er juin dans plusieurs quartiers de la banlieue de Con-crime : Bomboli, Koloma, Bambéto, Hamdlallaye sur la route Leprince, des jeunes visiblement énervés par cette hausse, ont affronté les farces de police et de gendarmerie pendant des heures.

Les manifestants ont déversé des ordures sur la chaussée, brûlé des pneus en certains endroits. Flics et pandores, en nombre, ont réussi à les disperser. Mais les courses poursuites ont repris en fin de soirée, notamment à Hamdallaye-Pharmacie, où la circulation a été bloquée. Des coups de feu ont résonné pendant plusieurs heures. C’est dans ce brouhaha que Thierno Mamadou Diallo, 18 ans, élève de la 10e année a été touché à Hamdallaye, « Plaque Cellcom ».

Il a succombé quelques instants plus tard : « La situation était tendue en début de soirée, il est donc resté à la maison, il ne manifestait même pas. Quand il y a eu de l’accalmie vers 21h, une femme qui habite chez nous ici lui a demandé d’aller lui acheter du pain. C’est là qu’il a été atteint par balle », explique Thierno Habib Diallo, un des parents de la victime. Mais selon Alpha Issagha Bah, un autre frère du défunt, Thierno aurait été atteint «dans un salon de coiffure. Ils ont tiré par la fenêtre ; il y a encore les traces des balles. Je suis abattu, je ne sais même pas quoi dire ».

Selon Thierno Habib Diallo, ceux qui ont tiré sur son jeune frère ont bloqué le corps pendant un bon bout de temps, avant que la famille ne parvienne à le récupérer. A 23h, la famille a tenté d’acheminer la victime vers une morgue. Enfin : «Nous l’avons transporté à l’Hôpital de l’Amitié Sino-Guinéenne ; ils nous ont dit qu’il n’y a pas de place. Nous l’avons ramené à la maison, le temps de trouver le moyen de le transférer dans une morgue.

Ils lui ont tiré dessus, se sont assurés qu’il est décédé, mais une chose est certaine : nous ne pardonnerons jamais à ceux qui lui ont ôté la vie. Ils répondront devant la justice ou Dieu le Tout Puissant ». Le  corps du défunt a finalement été gardé à la mosquée de Bambéto le 1er juin, avant d’être déposée à la morgue du CHU Ignace Deen, le 2 juin.  Thierno Mamadou Diallo est originaire de la préfecture de Mamou, en Moyenne-Guinée.

Yacine Diallo