Dans un communiqué du 10 août, le Ministre de l’Administration du trottoir et de la décentralisation, le sieur Mory Condé informe la pléthore de partis et de particules qui encombrent le landerneau politique du bled, qu’une mission de son département leur rendra une visite de (dis)courtoisie, à leurs sièges, du 16 août au 15 septembre 2022. Nos 187 partis sont priés de prendre les dispositions idoines afin d’être outillés pour discuter de sujets qui peuvent être tantôt ardus, tantôt incongrus, à leur sens. Peut-être même que des sujets qui fâchent meubleront la causette. Sait-on jamais !

Que la finalité de l’initiative soit apparente ou inavouée, elle permettra de démêler l’écheveau du microcosme politique guinéen où la mauvaise foi des autorités et des petites formations politiques a jusqu’ici empêché d’établir une hiérarchie entre les partis à partir de critères objectifs comme ceux que cette mission permettra d’identifier. Ce qui aidera chaque parti à jouir des avantages politiques et financiers au prorata de son poids sur l’échiquier politique national. On s’est plutôt plu dans l’hypocrisie et la cécité, pathologies dont souffrent habituellement les femmes et les hommes qui se folâtrent dans les eaux saumâtres de la politique et prétendu que les partis sont égaux et méritent les mêmes privilèges, égards et avantages. Cela a enhardi les particules qui, comme le crapaud de La Fontaine, ont voulu devenir comme le bœuf. N’est-il vraiment pas ridicule de loger à la même enseigne l’UFDG, l’UFR et le RPG qui ont régulièrement couru dans le peloton de tête lors de tous les scrutins organisés depuis 2010  que ceux qui  n’ont participé à aucune élection durant cette période et qui plus est, n’ont aucun élu ? Puisqu’on est coutumier du ridicule dans notre bled, on n’a pas hésité à franchir le pas. Et on a fait tous chorus pour crier haut et fort qu’aucun parti n’est plus grand que l’autre. Cette approche a favorisé l’éclosion de chienlit où l’on en n’attend pas.

Les cas de figure sont légion. Outre les cadres  de dialogue que l’inflation de participants rend généralement inefficaces, la répartition des 15 sièges dévolus aux 187 partis, au Conseil National de Transition, a mis en émoi la classe politique. Le spectacle, pitoyable, ressemblait à une meute de chiens derrière un os. Concocter une clef de répartition a été un casse-tête chinois et le MATD en a fait à sa tête. Or le croisement de la charte et du  vécu des partis politiques aurait permis de définir des critères objectifs d’identification des partis représentant la classe politique au CNT. A cette voie droite, on a préféré les sentiers tortueux de la magouille.

Comme les cadres en bois que Mory Condé commettra à la tâche d’ausculter les partis politiques ont la tête de l’emploi, le profit requis, on ne doute pas de la qualité des résultats. L’opération permettra, si on en a l’envie, de nettoyer les écuries d’Augias, dans le microcosme politique. Qui en a actuellement grand besoin. On sortira alors des stériles disputes de clocher qui oppose régulièrement grands et petits partis et on pourra dorénavant contrôler la croissance exponentielle des formations politiques.

Abraham Kayoko Doré