Dans un courrier daté du 5 août, le Directeur général des renseignements militaires invite notre confrère Mohamed Bangoura, directeur de publication du site internet Mosaïque Guinée, à « une séance de travail ». Celle-ci doit avoir lieu dans les locaux de la Direction du renseignement militaire de l’état-major général des armées « dès réception de la lettre », enjoint le courrier.

Quel travail pourrait bien faire un journaleux dans une caserne ? « Sécurité d’Etat », se contente d’avancer l’expéditeur. Après plusieurs coups de fil de ce dernier, des visites inopinées et matinales des hommes en uniforme au siège du média, à la recherche de son directeur de publication, Mohamed Bangoura, les langues ses sont déliées. On apprend que la séance de travail devait porter sur un article publié par notre confrère qui révélait la disparition d’un camion rempli de tramadol, après avoir été saisi par les services de sécurité.

Selon nos informations, le Directeur général du renseignement militaire de l’état-major a essayé de le convaincre le camion est intact. Mohamed Bangoura devait ainsi se rendre au camp et au port, en sa compagnie, en vue de s’assurer de la réalité des faits et de rédiger un article pour se dédire. Ce qui ressemble plutôt à un appât tendant à attirer le confrère dans les filets de l’état-major.

Sinon, les voies à suivre pour exercer un droit de réponse, si besoin en était, sont connues. Sans compter que les autorités, civiles comme militaires, ont à disposition les médias publics comme privés. Il leur suffisait de les inviter pour leur exhiber les preuves contraires démentant l’article de Mosaïque Guinée.

Tout comme l’état-major général des armées pouvait saisir la Haute autorité de la communication qui est l’organe de régulation des médias guinéens, le procureur de la République, l’Agent judiciaire de l’Etat, ou encore le ministère de la Justice, voire celui de l’Information et de la communication.

Il y a donc suffisamment d’options, pour ne pas convier un journaliste à « une séance de travail » portant de surcroît sur la « sécurité d’Etat » dans une caserne. Les convocations du Front national pour la défense de la constitution et des leaders politiques au Camp Samory Touré, auparavant, ne doivent plus continuer de servir de jurisprudence au colonel Sadiba Koulibaly et à ses hommes.

Diawo Labboyah