Il est rare de voir quelqu’un réussir à 100% une carrière politique en se basant sur la fourberie et le mensonge. Très peu morale à proprement parler, la longue carrière politique d’Alpha Condé, jalonnée de manipulations permanentes, c’est sans conteste, une réussite. On peut difficilement le démentir en ce mois de septembre 2022, un an après le putsch qui a sauvé de l’humiliation que devrait subir le panafricaniste de dictateur, incapable de mener un petit pays comme la Guinée vers la liberté réelle, l’indépendance concrète, le bien-être économique, politique et social. Le 4 septembre 2021, l’échec global de la gouvernance de ce pseudo opposant historique était plus que patent. Le lendemain 5 septembre, il a bénéficié de l’insigne honneur de se faire prier par ses tombeurs de bien vouloir accepter de renoncer pour de bon à la magistrature suprême du pays. Sylvanus Olympio, Sir Abubakar Tafawa Balewa, Anouar-el Sadate, William Tolbert, Samuel Doe, Nino Vieira… auront dû se mordre le doigt.

De la lointaine Turquie, Alpha Condé parvient à troubler le sommeil de son bienfaiteur, le Colonel Doumbouya qui, par autodéfense, avait dégainé le premier en septembre 2021, mais n’avait pas jugé utile de tirer, créant ainsi une première que Tayyip Erdogan gère aujourd’hui avec une aisance remarquable. Il fallait un homme de la carrure du président turc pour révéler aux Guinéens toutes les qualités de manipulateur hors-pair de M. Alpha Grimpeur. En deux évacuations sanitaires, une fausse perfusion, l’ancien pensionnaire de Sékhoutouréya a réussi à semer la zizanie entre le Colonel Mamadi Doumbouya et le Président Tayyip Erdogan. Il faut forcément négocier, mais nous n’en avons pas les moyens. Notre ministre des Affaires étrangères, tout médecin qu’il est, a très peu de chances de faire l’affaire. On n’aborde pas Erdogan avec des ordonnances et des comprimés. On l’affronte avec les armes qu’il faut et la stratégie qui sied. De même qu’Alpha, il réunit quasiment toutes les chances de l’emporter. Au nom du principe sacro-saint du rétablissement de l’ordre constitutionnel. Allez savoir où tout cela mène ! Peut-être, c’est le fameux retour de la Guinée à un régime civil. Qui sait ?

En tout état de cause, les deux alliés d’Istanbul et d’Ankara ressemblent fort à des illustres têtes de Turc. Quand la situation n’est pas compliquée, n’y attendez pas Erdogan ! Dites-le haut, Poutine ne vous contredira point. Quant à Alpha Condé, vous le connaissez assez pour ne plus dormir sur vos lauriers. Étudiant à la Sorbonne, c’était un anti-Malinké primaire. Premier président démocratiquement élu de la Guinée, au sommet de l’ethnocentrisme, il n’est plus l’infatigable défenseur de l’ethnie malinké, il est Malinké. Kaba Mansour est là, qui vous édifiera sur les années d’amphi du Sorbonnard. Ils se connaissaient bien. Si tout cela vous prend du temps, allez à l’état civil de Boké ! Lisez attentivement l’acte de naissance de monsieur le président déchu. Vous déplorerez certainement le manque de cohérence de nos arbres généalogiques. Sinon, comment un pays qui se distingue par l’ethno-stratégie peut-il accepter qu’un citoyen d’ethnie malinké soit le digne fils d’un honorable Mossi ? La manipulation est-elle passée par là ?  C’est fort possible.

Diallo Souleymane