Depuis leur nomination, les trois facilitatrices font feu de tout bois pour rencontrer les acteurs politiques encore réticents à s’engager dans le processus. C’est notamment le cas pour le quatuor ANAD, CORED, RPG arc-en-ciel et FNDC-politique. L’une d’elle, Makalé Traoré en l’occurrence, leur a demandé de les recevoir ne serait-ce que pour écouter ce qu’elles ont à leur dire. Mais au niveau de ces coalitions, l’heure n’est pas à une discussion avec des personnes nommées sans leur aval. Au-delà de leur récusation, le vice-président de l’UFDG a qualifié les facilitateurs, lors de l’assemblée générale du parti, des gens faisant partie du camp des autorités de la transition : « Ne venez même pas, on ne va pas jamais vous rencontrer, on ne va pas vous recevoir. Ce n’est pas parce qu’on ne vous aime pas, mais vous êtes dans l’autre camp, c’est comme un match de football (…) Ces facilitatrices sont les facilitatrices du gouvernement et du CNRD. On n’a rien à vous dire et ne venez même pas. Un facilitateur, c’est d’abord la confiance ».

L’UFDG et les trois autres coalitions ne digèrent pas le fait que le CNRD ait décidé de choisir ces facilitateurs clandestinement. Le quatuor insiste sur un cadre de dialogue conduit par la CEDEAO. Fodé Oussou réaffirme qu’ils n’ont rien à dire à des facilitateurs non indépendants : « Quand elles ont été nommées, nous étions contents, nous leurs avions même dit que nous les recevrions, mais ce qui as changé, c’est que nous avons compris que les facilitatrices étaient sous la coupe du Premier ministre. Nous ne pouvons pas jouer à ce jeu… Nous avons du respect pour ces dames, nous savons qu’elles sont honnêtes et sincères, mais tant que le gouvernement continuera à prendre des décisions unilatérales, ça ne marchera pas. Pour le moment, leur démarche ne nous concerne pas, parce que nous savons qu’elles ne viennent que pour préparer l’arrivée du Premier ministre. Nous avons compris qu’elles ne sont pas indépendantes, elles ont les pieds et les mains liés… Il faut nous donner la liberté de choisir nos facilitateurs ».

En attendant, la crise couve, malgré la présence à Conakry d’une mission technique de la CEDEAO depuis le 16 octobre. Elle planchera sur le chronogramme des 36 mois proposés par les autorités guinéennes, pour la durée de la transition.

Yacine Diallo