Pot de terre contre pot de fer. Tout-puissant ministre et simple cheffe de cabinet. Homme et femme en société phallocratique. Porte-parole du gouvernement et portevoix des sans-voix. David contre Goliath. Mais de ce duel, l’issue aura été tout autre de celui du Prophète contre son adversaire.

Dans ce combat, sans grand enjeu, par médias et réseaux sociaux interposés, la logique a été respectée. Le ministre l’a emporté comme naguère. Aux premiers pas du présent régime, ce membre influent du gouvernement battit à plate couture cette ministre de la Justice. Bis repetita, l’homme l’a emporté, éjectant la femme de son siège de cheffe de cabinet. Mais cette dernière a gagné avec l’opinion publique.

Les réactions sur le désormais incontournable baromètre de nos sociétés, que sont les réseaux sociaux en font foi. Même si, à contrario, une minorité de soutiens, probablement conditionnel du ministre, tente désespérément de faire le contrepoids. Ces soutiens jubilent sur la toile. Estimant que celui ou celle qui se frotte à leur bienfaiteur laissera des plumes. Mais c’est un baroud d’honneur. Car il y a des victoires qui sont pires que la défaite. Celle du ministre des Télécommunications, des nouvelles technologies et de l’économie numérique contre la chef de cabinet en est une. Peut-être que son limogeage est une délivrance pour Madame Yansané. Parce que, probablement, beaucoup de membres du gouvernement et autres responsables n’attendent qu’une occasion pour se libérer. Un incident, petit soit-il, peut-être la goutte à faire déborder le vase.

Quand on s’est battu des années durant au nom d’un idéal et qu’on se retrouve dans un système où les hommes ont changé mais les méthodes sont restées, on est forcément devant un dilemme : d’un côté les délices du pouvoir difficiles à abandonner, de l’autre le sentiment de culpabilité. Ainsi de passer du camp des opprimés à celui des oppresseurs.

Et pourtant, le contexte est plus favorable à la méditation qu’à la mégalomanie. Avec en toile de fond, le procès de ceux qui, il y a un peu plus de 10 ans, avaient droit de vie et de mort sur les Guinéens. Ou la détention des principaux ténors de l’ancien régime. Ou encore la fuite d’autres va-t-en-guerre dont le plus virulent contre les opposants, s’est déguisé en femme pour traverser la frontière.

Autant de faits qui invitent à la retenue, à la modération et à la modestie. Malheureusement, le pouvoir rend bien souvent ivre, sourd et aveugle. Il aura fallu le 5 septembre 2021 pour que ceux qui préfèrent l’ordre à la loi se rendent compte qu’il faut préférer la loi. La loi, seule censée protéger.

Habib Yembering Diallo